Pourquoi fêter Pâques aujourd'hui ? — Diocèse d'Annecy

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Pourquoi fêter Pâques aujourd'hui ?

Un samedi soir de printemps, de grands feux sont allumés devant les églises. Des chrétiens sont rassemblés autour. Ils sont venus fêter la lumière. Ils sont venus renouveler leur foi en Jésus, le Christ. « Lumière du Christ ! », entend-on proclamer. Puis la lumière se propage de main en main, de personne à personne. « Lumière du Christ ! »…

Chacun, tenant haut la lumière, entre alors dans l’église encore sombre. Elle resplendira bientôt de la lumière nouvelle. C’est la nuit de Pâques. La grande nuit pour les chrétiens qui célèbrent une lumière nouvelle venue dans le monde : le Christ est ressuscité !Le feu crépite encore. Des passants regardent, curieux, ce brasier sur la place de l’église.
Il n’y a plus personne autour. Ils comprennent, aux chants joyeux qu’ils perçoivent, qu’une fête a lieu à l’intérieur du bâtiment, à cette heure inhabituelle. Les chrétiens veillent tard ce soir. Ils font la fête, ils sont heureux. Car le feu, laissé à l’abandon, c’est dans leur coeur maintenant qu’il brûle.

La fête de Pâques n'est pas
une simple commémoration
du passé.

Depuis deux mille ans, au début du printemps, chaque chrétien renouvelle sa foi et la fait refleurir.

Un Dieu surprenant 

Pâques, c’est Dieu qui se révèle surprenant. La foi chrétienne naît d’une surprise. Les disciples sont déjà dans le deuil de leur maître. Ils découvrent alors que le tombeau de Jésus est vide : « Il n’est plus là ». Surprise. Etonnement.

L’expérience qu’ils vont vivre est inédite, unique : le maître dont ils avaient été si proches durant sa vie va leur apparaître après sa mort. Ce n’est pas un fantôme : il leur parle, il mange avec eux. Ils balbutient, n’osant y croire : « il s’est levé », « il s’est réveillé du sommeil de la mort », « il est vivant ! ». Jésus et ses disciples venaient de fêter la Pâque juive (Pâque vient du mot hébreu pessa’h, qui veut dire passage).
Les juifs se remémorent lors de cette fête la libération de leurs ancêtres hébreux qui, esclaves en Egypte, sont libérés et s’enfuient en traversant la mer sous la conduite de Moïse et avec l’aide de Dieu. Il y a deux mille ans, cette fête de Pâque était l’occasion d’un pèlerinage au temple de Jérusalem. C’est là que se sont rendus Jésus et ses disciples pour prendre ensemble le repas rituel de Pâque, le Seder. Ce sera le dernier qu’ils prendront ensemble, puisque Jésus va être arrêté et exécuté.

C’est à partir de là que du nouveau va advenir, imprévisible, surprenant. Ce jour de Pâque d’il y a deux mille ans, alors que la fête de Pessa’h se termine mal pour les disciples (ils ont perdu leur maître, ils n’ont rien pu faire pour empêcher sa condamnation et sa crucifixion), une brèche de lumière s’ouvre dans la nuit de leur désolation.
 

Il n’y a aucune preuve de l’événement inouï qui a eu lieu, sinon leur témoignage. Petit à petit, ils vont comprendre que Jésus est le Christ, le Messie de Dieu, son propre Fils. Ils vont alors faire mémoire de cet événement en célébrant ce qui va vite devenir la fête principale, la plus grande fête de la foi chrétienne : la fête de Pâques. Elle reste fête du passage, mais du passage de la mort à la vie de Jésus.

Trois jours pour fêter Pâques

Le temps de Carême, initialement créé pour la dernière préparation des adultes en vue de leur baptême, va devenir le temps de préparation à Pâques pour tous les chrétiens. Préparation intérieure, spirituelle, incluant la prière, le partage et le jeûne.

La fête de Pâques elle-même prend le temps d’un déploiement sur trois jours. En effet, la résurrection de Jésus donne un nouvel éclairage sur sa vie, sur la manière dont il a passé ses derniers jours et sur sa mort. C’est pourquoi les chréteiens fêtent le jeudi saint et le vendredi saint avant de laisser éclater leur joie lors de la veillée pascale.

Le jeudi saint

Originellement le jeudi de la Cène du Seigneur. C’est la mémoire des événements qui entourent le dernier repas de Jésus, lors duquel il institue le sacrement de l’eucharistie : « Ceci est mon corps… », « Ceci est mon sang… ». C’est aussi le jeudi du lavement des pieds. En effet, dans l’évangile de Jean, Jésus lave les pieds de ses disciples lors de leur dernier repas pris ensemble. Jésus donne ainsi un sens à sa mort : il se donne jusqu’au bout de lui-même.
Son dernier message est ce message d’amour total, qu’il recommande à ses disciples de pratiquer entre eux. Le jeudi saint, les chrétiens se réunissent pour célébrer ce dernier repas au cours d’une eucharistie qui peut inclure le rite du lavement des pieds.

Le vendredi saint

C’est le seul jour de l’année où l’on ne célèbre pas de messe. Les chrétiens se réunissent autour de la croix, faisant mémoire des souffrances de Jésus et de sa mort. Certains font le chemin de croix, pèlerinage du chemin fait par Jésus lui-même pour se rendre au lieu de sa crucifixion. Lors de la célébration du vendredi soir, on lit la passion, c’est-à-dire le récit des dernières heures de la vie de Jésus.

La veillée pascale

C’est la fête de la résurrection, symbolisée par la lumière d’un grand feu allumé sur le parvis des églises. Le cierge pascal est allumé et il accompagnera chaque communauté chrétienne lors de ses célébrations tout au long de l’année. Ce soir-là, les adultes sont baptisés en plein coeur de la veillée. Le baptême est en effet la plongée dans la mort et la résurrection du Christ. C’est la veillée du renouvellement de sa foi pour chaque chrétien.

La naissance des premières communautés chrétiennes

L’effet de la résurrection de Jésus, c’est d’abord le bouleversement qu’elle produit chez les disciples qui en sont les témoins.
Mais Jésus ne reste pas indéfiniment présent physiquement auprès d’eux. Il va les quitter pour rejoindre Dieu son Père (fête de l’Ascension). Il leur promet pourtant de ne pas les laisser seuls. Il leur promet l’Esprit-Saint, l’Esprit de Dieu. Les Actes des Apôtres racontent qu’en effet, le jour de la Pentecôte (un mot qui veut dire : cinquante, cinquantième jour après Pâques), chacun d’eux reçoit l’Esprit-Saint alors qu’ils sont tous réunis.
C’est à partir de ce moment que va se répandre la bonne nouvelle, la nouvelle inouïe de Pâques.

Si les disciples, après la mort de Jésus, se dispersent, sa résurrection a pour effet de les rassembler à nouveau. La fête de Pâques est aujourd’hui encore ce rassemblement des chrétiens autour de la source de la foi chrétienne. Cette source est symbolisée par l’eau qui, ce soir-là, lors de la veillée, vient faire symbole : eau de la mort qui engloutit, eau de la vie qui féconde. Eau du baptême qui va mouiller les nouveaux baptisés, mais aussi les chrétiens présents dans l’assemblée qui en sont eux-mêmes aspergés par le célébrant. Eau qui rassemble, puisqu’elle fait entrer dans la famille des chrétiens par le baptême, puisqu’elle est le seuil de la communauté. On n’est pas chrétien tout seul : c’est un des messages de Pâques.

La foi en la résurrection du Christ a besoin d’une écoute de la Parole de Dieu en communauté, là où elle est née. Elle a besoin d’un échange de parole avec les autres chrétiens, là où les témoignages s’éclairent les uns les autres. Elle a besoin de la prière partagée pour nourrir la prière personnelle et la vie spirituelle.

Pâques : la fête du renouveau, du renouvellement.

Renouvellement de chaque chrétien, renouvellement de la foi de toutes les communautés chrétiennes. Fête au coeur de la foi chrétienne, elle touche le coeur de chaque croyant et fait battre plus fort, chaque année, le coeur de chaque communauté chrétienne.