Je suis croyant(e) ça me suffit. Pourquoi pratiquer ? — Diocèse d'Annecy

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Je suis croyant(e) ça me suffit. Pourquoi pratiquer ?

A quoi cela sert-il d'avoir des amis ? A quoi cela sert-il d'aimer ? A rien, et à tout ! Cela ne change pas notre vie, celle-ci est pourtant modelée par nos relations : que serait une vie sans amour et sans amitié ? À quoi cela sert-il de pratiquer, de se rassembler avec d'autres chrétiens pour prier et célébrer avec eux ? À rien, et à tout !!!

À rien : l’utilité d’une célébration ne peut se mesurer à son efficacité.
À tout : une célébration fait partie des temps, totalement gratuits, qui peuvent donner sens à toute notre existence.
Pour les chrétiens, célébrer l’eucharistie le dimanche (ce que nous appelons souvent « pratiquer ») est aussi nécessaire et aussi gratuit que l’amour et l’amitié. C’est entrer en relation avec Dieu, et laisser Dieu entrer en relation avec nous. Or, Dieu a choisi notre langage humain (paroles, gestes, signes...) pour entrer dans ce dialogue. 

Croyant : seul ou avec d’autres ?

« Chacun fait ce qui lui plaît ! », « ça ne regarde que moi », « la religion, c’est une affaire privée, on ne peut pas en parler »... Qui n’a jamais entendu ou prononcé de telles paroles ?

La réalité est-elle aussi simple que ces affirmations rapides ? Puis-je vraiment vivre sans les autres, comme s’ils n’étaient pas là, comme si moi-même je n’avais pas besoin de relations ? 
Je suis né d’une relation. La rencontre avec les autres me permet d’exister et façonne mon identité. Je ne peux pas construire tout seul mon existence. Ce qui est tellement vrai de notre humanité l’est aussi de notre foi.
La foi est un acte profondément personnel. Personne ne peut dire « Je crois » à ma place. Personne ne peut me contraindre à prononcer ces mots et à y adhérer du fond du coeur. Cependant, cette foi profondément personnelle est façonnée par la rencontre d’autres croyants.
Si aujourd’hui je crois, c’est grâce à d’autres croyants qui ont été pour moi de véritables témoins, qui m’ont donné le désir d’avancer sur le chemin de la foi. Que serait l’Evangile sans chrétiens qui le vivent ? Il serait lettre morte plutôt que bonne nouvelle.
Si aujourd’hui je crois, c’est probablement grâce à d’autres croyants avec qui je peux partager ma recherche, mes questions et même mes doutes. Pour que la foi ne reste pas qu’un sentiment vague et diffus, elle a besoin de mots pour se dire. La rencontre d’autres chrétiens m’aide à mettre des paroles sur ce que je crois ; elle m’enrichit de leur propre expérience.
Alors, pratiquer, c’est une manière de rencontrer d’autres croyants, de me nourrir avec eux de la Parole, de célébrer avec eux, de faire connaissance pour vivre au quotidien ce qui nous anime.

La foi a-t-elle besoin de rites ?

Les paroles enthousiastes et les belles déclarations suffisent-elles à nourrir une relation ? Les gestes ne sont-ils pas nécessaires ? Les gestes ne deviennent-ils pas eux-mêmes « parole » ?
Pour souhaiter une fête ou un anniversaire, notre parole s’accompagne d’un cadeau, d’un geste gratuit. Le bouquet de fleurs que l’enfant offre à sa mère pour sa fête concrétise l’amour qu’il lui porte. Il est le signe d’une relation. Plus encore, il fait grandir cette relation, il resserre des liens qui existaient déjà. Le geste d’offrir un cadeau révèle les sentiments d’une personne et l’engage.

La foi n’est pas faite que de paroles, elle n’est pas d’abord une liste de définitions ou de réflexions sur Dieu.
La foi chrétienne engage toute la personne, y compris son corps.
Pour traduire ce qu’il croit, le chrétien cherchera donc à s’exprimer aussi bien par des paroles que par des gestes.

Les gestes d’une célébration, (ce qu’on appelle les « rites »), sont des gestes qui parlent... ou ils devraient l’être ! Ils disent ce que croient les chrétiens. Ceux-ci chantent ce (celui) qui les fait vivre. Le signe de la croix exprime leur relation au Christ. Il leur rappelle qu’ils sont enfants de Dieu et que chacun d’eux est habité par l’Esprit.

Même si je ne comprends pas tout, le seul fait de me rassembler et de célébrer avec d’autres chrétiens est déjà parlant. Il dit quelque chose de ma foi, de mon désir d’entrer en relation avec Dieu et les autres, et de recevoir d’eux.
Les gestes que je pose expriment ce que je suis. Ils contribuent aussi à me façonner.

Célébrer avec d’autres chrétiens, c’est me laisser peu à peu façonner dans une communauté, c’est me laisser imprégner de gestes, de chants et de paroles qui prendront progressivement du sens pour moi. C’est comme la natation : je peux très bien connaître tous les mouvements de la brasse ou du crawl, je commencerai à nager quand je plongerai ! Et c’est seulement une fois dans l’eau que je pourrai améliorer les mouvements et devenir à l’aise.

Pourquoi le dimanche ?

Quel est le premier jour de la semaine ? Sans hésiter nous répondons : le lundi.
Au temps de Jésus, le premier jour de la semaine était le lendemain du sabbat. Ce jour deviendra notre dimanche.
Ce jour est devenu pour les chrétiens le jour le plus important de la semaine.
Pourquoi ?
Parce qu’il est celui de la résurrection du Christ. Le Christ est ressuscité le premier jour : la résurrection est un commencement et non un point d’aboutissement. Quelque chose de nouveau se passe : ce jour-là, Dieu réalise une action tout à fait inattendue, il relève son Fils de la mort.

Le premier jour de la semaine, le jour de la résurrection, le Christ vivant se manifeste à ses disciples étonnés et même incrédules (évangile de Jean, chapitre 20) ; il fait route avec les disciples sur les chemin d’Emmaüs (évangile de Luc, chapitre 24) : en l’accueillant et en le reconnaissant, ils passeront de la déception à l’espérance !

Très tôt, les chrétiens se sont rassemblés le premier jour de la semaine pour célébrer, dans l’eucharistie, la résurrection du Christ. Ce n’était pourtant pas un jour de repos. A l’époque, ce jour était un jour de travail, un jour comme tous les autres.

La résurrection du Christ est au coeur de la foi chrétienne. Sans elle, notre foi est creuse, inutile.
La résurrection est tellement importante que, des origines à aujourd’hui, le dimanche s’est imposé à l’Eglise pour faire mémoire de la résurrection.
La célébration du Christ ressuscité le dimanche est tellement importante que l’Eglise demande de se rassembler pour prier et écouter la Parole de Dieu, même s’il n’y a pas de prêtre présent pour présider l’eucharistie.

Aujourd’hui, en bien des sociétés, le dimanche est devenu jour du repos, des retrouvailles en famille ou entre amis, des loisirs. En choisissant leur emploi du temps le dimanche, les chrétiens essaient d’en faire un temps de rendez-vous avec Dieu, avec les autres, avec soi-même.

Et si je ne pratique pas ?

La pratique est l’un des pôles importants de la vie chrétienne. Mais ce n’est pas TOUTE la vie chrétienne.
 Pourquoi parle-t-on de « pratiquer » presque uniquement lorsqu’il s’agit de participer à la messe ? N’est-il pas important aussi de « pratiquer » l’Évangile, c’est-à-dire de vivre ce que Jésus demande : l’amour du prochain, le pardon ?

La vie chrétienne s’articule autour de trois pôles.

  • Être chrétien, c’est accueillir la Parole de Dieu, se nourrir de l’Évangile qui nous met en relation avec le Christ et nous révèle qui est Dieu son Père. Je vis ce pôle de la vie chrétienne quand je lis la Bible, quand je partage avec d’autres ce qu’elle me fait découvrir (par exemple : dans un groupe de partage d’Évangile, dans la catéchèse).
  • Être chrétien, c’est aussi prendre le temps de célébrer, en particulier les sacrements. Dans la célébration, je ne suis pas seul mais je fais communauté avec d’autres chrétiens. Dans la célébration, je ne parle pas de Dieu ou du Christ, comme on parle parfois des absents. Mais je m’adresse à Dieu comme à un Père, au Christ vivant à nos côtés.
  • Etre chrétien, c’est enfin mettre en pratique l’Évangile dans sa vie. Accueillir l’Évangile et célébrer le Christ sont un appel à vivre. Une véritable relation à Dieu se vérifie dans la manière de vivre au quotidien, dans l’amour du prochain.

La vie chrétienne s’articule autour de ces trois pôles qui sont comme des portes d’entrée. Selon mon histoire ou mon goût personnel, je peux préférer entrer par telle ou telle porte. Mais l’important est bien de visiter toute la maison. Si je suis, par exemple, entré dans la foi chrétienne grâce à la lecture de l’Évangile, tant mieux, c’est bien ! Mais peu à peu, il me faudra visiter la maison, découvrir que la foi se célèbre aussi avec d’autres et qu’elle se vit au quotidien.