Parole pour un dimanche — Paroisse Sainte-Anne d’Arly-Montjoie

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Parole pour un dimanche

Dimanche après dimanche, vous trouverez l'édito de notre feuille paroissiale... réflexion, nourriture pour la semaine à venir.

Intention de prière du pape François

Mai 
Pour la formation des religieux et religieuses et des séminaristes
L'intention de prière du mois de mai est pour la formation des religieux et religieuses et des séminaristes, afin qu'ils puissent "grandir dans leur cheminement vocationnel à travers une formation humaine, pastorale, spirituelle et communautaire..

Semaine du 4 au 11 mai 2024 - 6ème dimanche de Pâques - B
DEMEURER DANS L’AMOUR.
Il y a deux semaines, la liturgie nous rappelait que Dieu nous invitait à être enfants de Dieu, la semaine dernière que nous devions, nous ses enfants, demeurer en Christ comme le sarment sur la vigne. Aujourd’hui, nous sommes invités à approfondir cette relation filiale qui nous unit au Christ : nous avons à demeurer dans son amour. Que signifie donc demeurer dans l’amour de Dieu pour l’homme ?

Premier défi de l’Eglise après la Pentecôte, que faut-il faire des païens qui se convertissent ? Peuvent-ils être baptisés et recevoir l’Esprit Saint ? Pierre et les apôtres vont devoir continuer à se convertir et découvrir que Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. Paul traduira ce message en disant qu’en Christ, il n’y plus ni juif, ni païen, ni homme, ni femme, ni esclave ou homme libre. Quand on aime, on ne regarde pas la race, la religion, l’orientation sexuelle, la condition sociale, la nationalité, on regarde le cœur de l’autre et on y voit le visage de Dieu créateur, de Dieu amour et justice. « Aimons-nous les uns les autres puisque l’amour vient de Dieu. Tous ceux qui aiment sont enfants de Dieu et ils connaissent Dieu. » Cet appel qui se trouve au cœur de la Loi, de la Torah, est devenu le cœur de la foi chrétienne. L’amour sert souvent à diviser : j’aime ma famille mais pas les étrangers ! Il n’y a pas d’amour quand on rejette l’autre, qu’on en a peur, qu’on se sent supérieur à lui, qu’on le classe dans une catégorie à part. Notre humanité est encore bien loin de ce simple message de l’Evangile.

L’amour ce n’est pas que des paroles et des discours nous disait Jean la semaine dernière, cela se vit en actes et en vérité. Celui qui aime, celui qui se dit chrétien a à s’engager dans un oui à l’autre, un oui à l’amour. Notre société individualiste a peur de l’engagement. On préfère rester centré sur soi et son épanouissement personnel, on se construit sa petite sphère privée où l’on essaie parfois de vivre un amour auprès des siens et loin des autres. Un amour qui ne s’ouvre pas à l’autre, un amour qui ne s’engage pas est un amour stérile et qui ne porte pas de fruit, un amour qui s’éteint de lui-même et qui ne demeure pas en Dieu..

Nous avons un exemple de l’amour qui demeure en Dieu. C’est celui de la Vierge Marie. Un amour qui dit « oui » et qui s’engage dans l’inconnu de Dieu. Un amour qui accompagne jusqu’à la croix et qui est là auprès de son fils mais aussi auprès des apôtres. Marie est mère de Dieu, elle est mère de l’amour, mère de tous les hommes sans faire de différence entre eux. Elle est image de l’amour de Dieu pour tous les hommes, ses enfants que le Christ lui a confiés sur la croix.

Si nous pensons que l’amour que Dieu nous demande pour demeurer en lui est impossible et inhumain, nous pouvons cependant constater qu’en Marie, une femme, comme les autres, cet amour est possible et qu’il peut porter du fruit. Et le premier de ces fruits c’est le salut donné à l’humanité par son fils Jésus Christ. Alors, ne nous contentons pas de prier Marie, mais suivons son exemple dans l’amour qu’elle a pour tous les hommes.

Damien STAMPERS

Semaine du 28 avril au 4 mai 2024 - 5ème dimanche de Pâques - B
PORTER DU FRUIT
L'ÉVANGILE D'AUJOURD'HUI DIT... Que Jésus se compare à une Vigne...
Ce discours se passe après la Cène, Jésus est sans doute inspiré par la dernière coupe de vin qu'IL a fait circuler devant chacun de ses apôtres. En ce pays, on connaissait bien la vigne et cette comparaison aidait à comprendre notre relation à Dieu, au Père du ciel...

L'ÉVANGILE D'AUJOURD'HUI NOUS DIT... ME DIT... Que nous sommes les ¨sarments¨ greffés au Christ...
Nous sommes les branches qui reçoivent la sève du tronc auquel elles sont rattachées. Nous savons que dès qu'une branche est détachée du tronc, elle se dessèche et meurt... Ainsi, dès qu'un baptisé se retire de l'influence du Christ, il est condamné à mourir. Pourtant, le Christ est venu nous apporter la vie et une vie en abondance... Jésus nous demande de DEMEURER en Lui comme Il veut demeurer en nous. Ce mot DEMEURER semble bien important puisqu'il est répété huit fois en ce court extrait... Ce mot suppose une intimité très grande avec le Christ. Mais le Christ, où est-il ?... Très loin dans le temps ?... NON, le CHRIST est VIVANT, IL est là au cœur de nos vies, en chacune des personnes que nous côtoyons... IL a voulu faire de tous les hommes un seul peuple, une seule nation et IL communique sans cesse avec nous par son ÉGLISE. Prenons conscience de sa proximité et mettons-nous à l'écoute de sa PAROLE.

L'ÉVANGILE NOUS DEMANDE... ME DEMANDE... De demeurer attachés au cep de la Vigne... Pour demeurer attachés au tronc de la Vigne, il nous faut connaître davantage le Christ afin de porter les fruits que le Père attend de nous. La PAROLE de Dieu est le moyen par excellence d'entrer en intimité avec Lui... Nous ne pouvons rien sans Lui... Prenons le temps d'écouter et de garder en notre cœur sa PAROLE adorable.

Semaine du 21 au 27 avril 2024 - 4ème dimanche de Pâques - B
L’APPEL DU BON PASTEUR : ETRE ENFANTS DE DIEU.

Aujourd’hui, journée de prière pour les vocations et évangile du bon pasteur : quel est le rapport entre les deux ? La réponse est simple : l’appel. Un appel à être berger de nos frères ? Non, nous avons un seul berger, le Christ. Mais un appel à être enfants de Dieu : appel du berger à ses brebis pour les rassembler. Nous sommes face à un double paradoxe : On nous parle de liberté alors que l’on est comparé à un troupeau soumis à un berger ; On nous parle de liberté alors que le berger parle par cinq fois de donner sa vie pour ses brebis : Où est la liberté ? Liberté de répondre ou non à l’appel du berger, une liberté fondée sur l’écoute de la parole, sur l’adhésion du cœur à l’appel de celui qui nous connait mieux que nous-mêmes et qui sait ce qui est bon pour nous. Liberté de l’engagement et du choix de se mettre à la suite du bon pasteur. Un engagement qui ne se fait pas à moitié, quand on a le temps ou l’envie, un engagement qui va jusqu’à donner sa vie pour ceux qu’on aime, le berger donne sa vie pour ses brebis et les brebis pour leur berger : un engagement réciproque dans la liberté. La liberté, ce n’est pas ne pas choisir, c’est faire un choix de cœur et de raison envers un autre, c’est ce qui se fait dans tout engagement qu’il soit le mariage, la vocation religieuse ou le sacerdoce. Appel à l’amour : Voyez comme il est grand l’amour dont le Père nous a comblés, Eternel est son amour. Répondre à l’appel nécessite confiance, connaissance mutuelle et amour. L’amour ne peut naître que dans la liberté. Ce n’est que dans l’amour de Dieu et du prochain que mon engagement, que ma liberté donnée et reçue, trouve un sens et sa raison : lors du mariage c’est chacun des deux époux qui dit à l’autre : « je me donne à toi ». Il s’agit de répondre à l’appel de l’amour par l’amour. Répondre en toute liberté à l’appel d’amour que nous adresse Dieu signifie se mettre au service les uns des autres.

Le berger est au service de ses brebis et, dans l’évangile du lavement des pieds, il nous invite à faire de même et à suivre son exemple. Le service nait de la liberté et de l’amour, il en est la conséquence la plus directe : aimer Dieu et son prochain. L’appel au service qui est au cœur du diaconat permanent se calque sur cet appel au service qui doit résonner dans toute vocation baptismale. Le bon pasteur appelle ses brebis, il les appelle à être librement de vrais enfants de Dieu dans l’amour et le service de Dieu et du prochain. Le premier appel, la première vocation de tout baptisé, c’est d’être enfant de Dieu, les autres « vocations » en découlent. Cela peut être par le sacerdoce, la vie religieuse, le diaconat permanent, le mariage, l’engagement social ou politique. La journée des vocations est la journée où chacun a à redécouvrir l’appel à être enfant de Dieu et à discerner comment cela doit se concrétiser dans sa vie. Chacun a à répondre à un appel, il ne concerne pas le voisin mais chacun de nous. A nous de savoir y répondre dans la joie et la confiance.

P. Damien STAMPERS.

Semaine du 14 au 20 avril 2024 - 3ème dimanche de Pâques - B
LA PAIX SOIT AVEC VOUS.

« La paix soit avec vous ! », c’est par ses mots que Jésus, dans l’évangile de Luc (comme en Jean), commence par parler à ses disciples. C’est la salutation normale pour un juif et en même temps elle signifie aux disciples le sens profond de ce que Jésus vient leur apporter en ce jour de résurrection : la paix.

Cette paix, c’est celle que recherche un coeur bouleversé par ce qu’il vient de vivre : la mort violente de Jésus, la fin de toutes leurs espérances et de leur foi. Le Messie est un messie de justice et de paix. Par sa mort, Jésus a apporté le jugement et la justice sur la terre et le fruit de ce jugement, c’est cette paix qui doit régner dans nos coeurs.
La paix est importante, elle est le signe de la présence active de Dieu à l’oeuvre en nous. Cette paix vient de la foi en la résurrection, de la certitude que la vie est plus forte que la mort, que la souffrance ne peut jamais être la plus forte, que la croix n’est pas une fin mais un passage.

Cette paix est le fruit que nous avons à recevoir dans ce temps pascal. Cette paix transforme tout et change le regard. Parce que les disciples ne sont pas dans la paix, qu’ils sont troublés et bouleversés, ils ne peuvent reconnaître Jésus ressuscité. Jésus ressuscité est à la fois le même, il leur montre ses pieds et ses mains, il mange devant eux, et en même temps il est différent, il est transfiguré par la paix qui émane de celui qui est passé par la mort. C’est le mystère de la résurrection à laquelle nous sommes tous appelés par notre baptême : entrer dans la paix de Dieu.

Cette paix passe par le pardon des péchés explique Jésus à ses apôtres. Ce pardon, Pierre est le premier à le recevoir. Il y a quelque chose de paradoxal à l’entendre dans le livre des Actes accuser les hommes d’Israël, par deux fois, d’avoir renié Jésus. Lui-même l’a renié trois fois ! Malgré son triple reniement, Dieu lui a pardonné et lui a confié d’être le berger du troupeau. La paix passe par le pardon, c’est l’expérience pascale des apôtres. C’est ce qui revient dans chacune des lectures de ce jour : le pardon des péchés en Jésus Christ, le Juste. Et saint Jean nous dit que nous avons à notre tour à vivre de ce pardon pour vivre dans la vérité et non le mensonge.

A travers Pierre, à travers les hommes d’Israël, à travers l’expérience que nous avons à vivre chaque jour du pardon, se révèle le mystère de Pâques : le pardon des péchés qui conduit à la paix des coeurs. D’ailleurs, ce pardon est au coeur de la seule prière que Jésus a laissé à ses disciples : pardonne-nous nos péchés comme nous les pardonnons aux autres.
Seul le pardon conduit à la paix et permet de vivre de la lumière de la résurrection. Il y a une conversion à faire : « Convertissez-vous et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés. » ; « la conversion sera proclamée en son nom pour le pardon des péchés. » Les disciples au soir de la résurrection ont à se convertir, à tourner leurs regards vers Dieu, le Dieu du pardon et de la vie, le Dieu de la paix.

Nous avons à recevoir, nous aussi le Christ ressuscité parmi nous, nous avons à le recevoir avec ce qu’il nous offre : sa paix et le pardon des péchés. Pour cela, il nous suffit de tourner, de convertir nos coeurs, à ce mystère central de la révélation en Jésus Christ : Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a offert son pardon gratuitement et en plénitude, à nous d’en vivre aujourd’hui et à le faire vivre autour de nous dans toutes les nations.

P. Damien STAMPERS.

Semaine du 7 au 13 avril 2024 - Dimanche de la divine miséricorde B
UNE FOI QUI SE DONNE A VOIR.
On parle souvent de la foi de Thomas qui a besoin de voir pour croire, de toucher le corps du Christ pour accéder à la foi. L’évangile semble prendre position en citant cette parole de Jésus : « Heureux ceux qui croient sans avoir vu. ». Pourtant dans le même chapitre de Jean, on nous dit, en parlant du disciple bien-aimé : « Il vit et il crut. ».

L’histoire de Thomas n’est pas racontée par hasard. Thomas est un homme tout à fait normal et plein de bon sens. Ce qu’il dit est loin d’être le reflet d’un homme insensé : pour croire j’ai besoin de voir. Qui va acheter une maison sans avoir pris la peine de la voir et de la visiter ? Personne de bon sens ne ferait cela, a fortiori quand il s’agit d’engager sa vie entière et sa foi en Dieu. Notre foi est incarnée, elle a besoin de voir, de toucher, de sentir. La liturgie, et spécialement celle de la semaine sainte, est remplie de signes qui donnent corps à la foi professée : l’eau, la lumière, la croix, l’hostie et le vin du calice, les chants, les cloches, l’orgue. Toute liturgie est pleine de de choses à voir pour parler à notre foi. Nous ne sommes pas de purs esprits, nous avons besoin de voir pour croire. Cependant, le danger serait de résumer notre foi à ce qui est visible. La foi ne se résume pas au voir et ne peut être enfermée dans ce voir. Ce qui doit être vu pour croire est au-delà des apparences. D’ailleurs, ce que voit le disciple bien-aimé dans le tombeau, c’est un tombeau vide !

Alors que faut-il voir pour croire et qui n’est pas palpable ou visible de façon matérielle et corporelle ? La réponse est dans les deux premières lectures. Les Actes des Apôtres nous en donne une première réponse : le corps du ressuscité se donne à voir dans la communauté des croyants qui n’ont qu’un seul cœur et qu’une seule âme. La puissance de la résurrection se révèle dans cette unité de la communauté où plus personne n’est indigent, où chacun reçoit en fonction de ses besoins. Le premier signe à voir est un signe de justice et de paix dans une communauté unie par sa foi au Christ ressuscité. L’unité dans la justice et le partage est le premier signe de la présence du Christ parmi nous.

Si les églises se vident c’est peut-être aussi que nos communautés sont marquées par l’individualisme et le repli sur soi-même.
Mais, il y a autre chose à voir encore. C’est la 1ère lettre de Jean et le nom de celui qui voit et qui croit, qui nous le révèlent. Celui qui voit et croit est le disciple bien-aimé. Le croyant c’est celui qui se reconnait le bien aimé du Père, qui croit et vit de cet amour : « Celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui. » La foi passe par l’amour et un amour qui se voit est un amour qui se partage. Le signe visible de la présence de Dieu parmi nous, de la présence du ressuscité, de la réponse que nous pouvons faire quand on nous dit : « la paix soit avec vous », c’est bien l’amour qui doit nous lier les uns aux autres. Si nos communautés étaient non seulement unies, mais aussi pleines d’amour fraternel, alors les Thomas de notre monde pourraient voir et toucher du doigt la réalité de notre foi. Si nous sommes capables de cela, alors Jésus Christ plus jamais ne sera mort.

P. Damien STAMPERS

Semaine du 31mars au 6 avril 2024 - Fête de Pâques - B
RESSUSCITER : ACCUEILLIR LA VIE.
L’évangile de la vigile pascale nous parlait de la peur des femmes confrontées au mystère de la résurrection. Cette peur qui est la
caractéristique de tout homme face à la vie, cette peur qui rend esclavage et qui empêche d’entendre le message de la résurrection.
Aujourd’hui, avec le disciple, « l’autre disciple », nous avons à nous « purifier des vieux ferments » de la peur et à accueillir le pain de la
Pâque, la vie nouvelle en Christ.
Dans la mort et la résurrection du Christ, nous sommes libérés de nos peurs, nous sommes libres par rapport à la mort et au péché. Sur nous le péché n’a plus le pouvoir et la mort corporelle devient une étape sur le chemin de la vie éternelle. Voilà, le mystère de Pâques, voilà le sens du baptême, voilà ce à quoi nous sommes appelés : « Tout homme qui croit en lui reçoit le pardon des péchés. » Nous sommes libres, nous sommes vivants, nous sommes sauvés depuis notre baptême mais en sommes-nous réellement persuadés ?

Est-ce la liberté et la vie qui dominent et règnent en nous, ou encore la mort et le péché ? Est-ce de l’utopie ou du laxisme ? Nous sommes libres, mais une liberté qui ne se vit que dans l’amour et par l’amour de Dieu et du prochain. La vie est faite pour aimer
et être aimé, en Dieu nous sommes appelés au bonheur des fils de Dieu.

Il ne s’agit pas de faire n’importe quoi, il s’agit de vivre une vie nouvelle dans l’amour et dans la joie.
Pour cela il faut se mettre à la suite du Christ, mettre sa foi en lui, mettre ses pas dans ses pas, unir notre coeur à son coeur. C’est ce qu’accomplit le disciple que Jésus aimait, l’autre disciple de l’évangile de Jean. Ce disciple, nous pouvons le regarder de deux manières différentes. La tradition de l’Eglise y a vu la figure de l’apôtre Jean, à la suite de la finale de l’évangile. Mais, l’évangile de Jean nous livre lui une autre lecture (l’une n’annulant pas l’autre, mais l’enrichissant !), le disciple que Jésus aimait, c’est le baptisé qui reçoit dans sa vie et dans la foi le message de la résurrection. Jean ne donne jamais le nom de ce disciple, il invite chacun d’entre nous à se mettre à la place de ce disciple, il fait de nous un acteur de la vie du Christ.

A travers la figure du disciple que Jésus aimait, c’est nous-mêmes qui sommes appelés à poser notre tête sur le coeur de Jésus à la Cène, à être là au pied de la croix avec Marie, à recevoir Marie comme notre mère et à l’accueillir chez nous, à entrer dans le tombeau vide et à croire, à témoigner de ce que nous avons vu et vécu. Le disciple que Jésus aimait, c’est chaque baptisé qui reçoit dans sa vie le Christ et vit sa vie avec lui.
Si comme le disciple que Jésus aimait, nous mettons nos pas dans ceux du Seigneur, si nous l’accueillons dans notre coeur et notre vie, si nous mettons notre foi et notre espérance en lui en vivant dans l’amour de Dieu et du prochain, alors nous n’aurons plus jamais peur, alors sur nous le péché n’aura plus d’emprise, alors nous serons admis à la liberté des fils de Dieu dans laquelle nous sommes entrés par le baptême.

Par nous-mêmes, cela n’est pas toujours facile à vivre, mais nous sommes invités à le vivre en Eglise et avec les autres avec qui nous
formons le corps du Christ. La messe n’est pas le lieu de l’obligation, elle est le lieu où se déploie la grâce et la liberté reçus au baptême. Elle est le lieu où le disciple devient corps du Christ et manifeste qu’il est ce disciple que Jésus aimait.

P. Damien STAMPERS.

Semaine du 24 au 30 mars 2024 - Fête des Rameaux - B
SE LAISSER INSTRUIRE.

« La Parole me réveille chaque matin, chaque matin, elle me réveille pour que j’écoute comme celui qui se laisse instruire. » Is 50,4
Se réveiller : but de la semaine sainte : sortir de notre torpeur, de nos habitudes, de nos indifférences, de notre train-train quotidien.
Se mettre à l’écoute : écouter ce que Dieu nous dit à travers les offices de la semaine sainte (Vigile et dimanche de Pâques compris), se laisser réconcilier avec lui dans le sacrement du pardon.
Se laisser instruire : rencontrer Dieu à travers le visage du Christ crucifié et ressuscité.

Dans les lectures de ce jour, de nombreux titres sont employés pour désigner Jésus : Roi, Seigneur, Serviteur, Rabbi, Bandit, Prophète, Messie, Galiléen, Jésus.
Mais trois sont plus importants que les autres car répétés plusieurs fois ou bien situé au point culminant de la passion : Roi des juifs (4 fois) prononcé par Pilate et les soldats ; Fils de l’homme (3 fois) titre que se donne Jésus ; Fils de Dieu par le centurion à la fin de la passion.

Roi des juifs : Jésus est le roi des juifs, il est juif, né dans le peuple élu, descendant de David, héritier de la promesse faite à Abraham, Isaac et Jacob, fils de l’Alliance au Sinaï. Jésus est un juif qui fait partie de l’histoire du peuple juif, il est fils de l’Ancien Testament qui n’a pas été aboli. Nier la judaïté de Jésus, professer l’antisémitisme, c’est nier le Christ, c’est un blasphème à la face de Dieu, une négation de l’Alliance de Dieu avec son peuple élu et béni par lui.

Fils de l’homme : Jésus est vrai homme, l’homme tel qu’il devrait être. En Jésus, nouvel Adam, l’humanité entière peut se reconnaître. En Jésus Christ, il n’y a plus ni juif, ni païens, ni femme, ni homme, ni esclave, ni homme libre ; il y a l’humanité dans sa diversité et son unité, son universalité. Faire des distinctions de race, de sexe ou de classe sociale entre les hommes, c’est nier l’humanité du Christ, c’est nier l’incarnation et le don de Dieu créateur du ciel et de la terre, nier le fait qu’en Adam et en Jésus tous les hommes sont frères.

Fils de Dieu : Jésus est vrai Dieu, Dieu fait homme. En Jésus tout homme devient enfant de Dieu, tout homme est divinisé. C’est dans le visage du crucifié que le centurion découvre cette vérité fondamentale : Jésus est fils de Dieu. Nier la divinité du Christ, c’est nier l’amour de Dieu pour chacun de nous, c’est nier son dessein de salut, de liberté et de bonheur pour que l’homme vive de la vie même de Dieu.

Alors cette semaine, laissons-nous instruire, réveillons-nous et écoutons.
Allons à la rencontre de Jésus, roi des Juifs, fils de l’homme et fils de Dieu.
Peut-être nous trouverons-nous dans cette rencontre ?

P. Damien STAMPERS

Semaine du 17 au 23 mars 2024 - 5ème dimanche de Carême - B
LA NOUVELLE ALLIANCE EN JESUS CHRIST.
« Voici venir des jours où je conclurai une Alliance Nouvelle. » Cette alliance nouvelle annoncée par Jérémie, accomplie par Jésus Christ, nous allons la fêter lors du Triduum Pascal, en renouvelant nos promesses de baptême à la Vigile. L’Alliance Nouvelle et éternelle est scellée sur la croix et est le signe du jugement salvifique de Dieu sur notre humanité. C’est l’Heure, dont nous parle l’évangile de Jean, l’heure du jugement, l’heure de la nouvelle alliance, que nous nous sommes préparés à accueillir par le carême et la semaine sainte.

Cette alliance est nouvelle mais elle est aussi éternelle, elle est de tout temps. Cette Alliance accomplie en Jésus Christ, mort et ressuscité est Une et Multiple. Elle est d’aujourd’hui : « Maintenant a lieu le jugement, maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors. » mais elle est aussi de toute éternité, comme le prologue de Jean nous le rappelle. L’Alliance est là depuis la création du monde avec Adam et Noé, c’est une alliance universelle. Tout homme est sauvé en Jésus Christ.

L’Alliance emprunte aussi les chemins d’une rencontre avec chacun de nous de manière individuelle, comme avec Abraham, Isaac et Jacob. C’est une alliance individuelle, liée à la foi de chacun d’entre nous. L’Alliance se vit aussi avec un peuple élu, le peuple des baptisés, comme avec Moïse. C’est une alliance particulière qui est régi par la Loi, chemin de vie libre dans l’alliance.

L’alliance avec Dieu est unique, mais elle se déploie dans une triple dimension : universelle, individuelle et particulière qui rejoint chacun de nous dans toutes les dimensions de son être. Cette alliance est déjà là dans l’Ancien Testament et donc, pas si nouvelle que cela, car éternelle depuis la création du monde.

Mais cette alliance est toujours nouvelle. L’alliance a été soumise et est toujours soumise à des ruptures successives de la part des hommes à cause de leur péché, leur idolâtrie, leur injustice, leur égoïsme et leur orgueil. Cette alliance, jamais rompue par Dieu, est toujours à renouveler et rénover par les hommes. Le sacrifice d’un animal sur un autel consacré à Dieu scelle à chaque fois ce renouvellement de l’Alliance. 
Le sacrifice de la croix scelle cette nouvelle alliance en Jésus Christ et lui donne un caractère définitif.

Alors que dans l’ancienne alliance, il faut sans cesse renouveler le sacrifice, pour renouveler l’alliance. En Christ, qui est l’autel et la victime du sacrifice, c’est Dieu lui-même qui scelle une alliance définitive et éternelle avec nous. C’est l’heure de la croix, de la glorification, de l’agneau immolé, dont parle Jean. Et, c’est ce que nous célébrons dans le mystère de l’eucharistie : le sacrifice de la nouvelle alliance sur l’autel qui est le Christ et la victime expiatoire.

Cette nouvelle alliance n’est plus extérieure à l’homme : par l’incarnation, elle est inscrite dans le cœur de l’homme. Ce n’est plus un animal que j’offre en sacrifice, c’est ma vie, à la suite du Christ, que j’offre en signe d’alliance. A Pâques nous entrons dans le mystère de cette alliance nouvelle et éternelle.
Sur ce chemin de Pâques, retrouvons le sens profond de ce mystère de l’eucharistie, mystère de communion mais aussi mystère de l’alliance dans le sacrifice du Christ.

P. Damien STAMPERS

Semaine du 10 au 16 mars 2024 - 4ème dimanche de Carême -B
JUGEMENT ET SALUT
Le jugement et le salut semblent liés de manière inextricable tout au long de l’Ecriture. Mais de quel salut et de quel jugement parle-t-on ?
Sommes-nous jugés par Dieu et sauvés sur notre foi ou par nos actes ?

Le jugement sur les actes.
Le livre des Chroniques nous fait un raccourci saisissant de tous les livres prophétiques dont l’évènement central est l’Exil à Babylone. Avant l’Exil, les prophètes invitent le peuple à se détourner de l’idolâtrie et de l’injustice pratiqués par le peuple. Ce qui était en cause, c’était bien les actes, contraires à la Loi et aux termes de l’Alliance passés avec Dieu. L’alliance conclue avec le Seigneur est un chemin de vie, s’en détourner, c’est aller vers la mort, le retour en esclavage à Babylone, la fin de tous les bienfaits que Dieu me donnait dans le cadre de l’Alliance conclue au Sinaï sous l’égide de Moïse. Ce sont les actes du peuple et de ses chefs qui ont conduit à l’Exil et à la destruction de Jérusalem. La colère de Dieu est l’image même de ce que l’homme par ses actes et son péché peut entrainer comme conséquences. Le jugement et la colère de Dieu dans les livres prophétiques ne sont pas tant une punition divine que la conséquence du rejet de la présence de Dieu dans nos vies et le non-respect du commandement d’aimer Dieu et son prochain comme soi-même.
Mais Dieu n’abandonne jamais son peuple et malgré la mort dans laquelle il s’est précipité, il va le sauver et le ramener sur la Terre Promise par l’intermédiaire de son serviteur, Cyrus, le roi des perses.

Le salut, don gratuit de Dieu.
Si le jugement est bien lié à nos actes, le salut, lui, est un don gratuit de Dieu : « C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas des actes. » La seconde lecture nous plonge dans le mystère du salut : « Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés. » Le retour d’Exil, raconté dans le Livre des Chroniques, n’est pas lié à des actes de conversion ou de pénitence de la part d’un peuple esclave et privé de liberté. La conversion nécessite d’être libre de ses mouvements pour revenir à Dieu. Si je suis en prison, la libération ne peut venir que de l’extérieur, d’une grâce qui n’est pas de mon ressort. Cette grâce du salut est donnée par Dieu à son peuple de manière gratuite et sans contrepartie. Le retour d’Exil est un pur acte d’amour de la part de Dieu envers son peuple.

Un salut à accueillir dans la foi pour échapper au jugement.
Le salut est un mystère, car il ne relève pas de nos actes, mais seulement de notre foi que l’amour de Dieu est au-delà de nos infidélités et de notre péché, au-delà du jugement : « Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. » Ce que dit Jésus à Nicodème est peut-être le plus difficile à croire. Je peux échapper au jugement de mes actes par pure grâce, par ma foi au Christ mort et ressuscité pour moi. Le jugement est là, il existe, mais en Jésus Christ il se révèle salut et vie éternelle.

P. Damien STAMPERS

Semaine du 3 au 9 mars 2024 - 3ème dimanche de Carême - B
DETRUIRE ET CONSTRUIRE LA MAISON DE NOS VIES.
L’évangile de notre 3ème dimanche de carême est bien connu, puisqu’il nous montre Jésus se mettre en colère et, même, faire preuve de violence. Cet épisode a d’ailleurs servi à justifier un peu tout et n’importe quoi en terme de colère et de violence par certains chrétiens, puisque Jésus l’avait fait !
Pourtant, ce qui est central, dans ce texte, ce n’est pas la colère de Jésus mais bien le Temple de Jérusalem et la place qu’il doit tenir dans notre vie de croyant. A priori, le Temple de Jérusalem n’a rien à voir avec notre foi et pourtant « lui parlait du sanctuaire de son corps » et nous introduisait dans le mystère de sa mort et de sa résurrection.

En Hébreu, pour parler du Temple de Jérusalem, on utilise le mot « maison », le Temple c’est tout simplement la maison de Dieu. Cette maison est-elle une maison de commerce ou la maison du Père ? Cette maison doit-on la détruire pour la reconstruire ?
Et nous, avons-nous une maison à détruire et une maison à construire ?

Les lectures de ce jour nous disent quel temple il nous faut détruire et quel temple il nous faut construire dans nos vies.
Un Temple à détruire : Ex 20 et les dix commandements.
Détruire le temple de notre orgueil.
« Tu n’auras pas d’autres dieux que moi » Ex 20La première des dix paroles qui ouvre le Code de l’Alliance est bien une parole qui vient mettre les choses en ordre. Il s’agit de remettre Dieu à la première place dans nos vies et non plus nous mettre toujours à la première place.Il s’agit en quelque sorte de mourir à soi-même, à la suite du Christ, pour découvrir notre vie transfigurée à la lumière de l’amour de Dieu pour l’homme.Détruire le temple de notre égoïsme.µ
Après Dieu, ce n’est pas encore moi que je vais mettre en second, il y a d’abord le prochain et le respect de l’autre qu’il s’agit de mettre avant soi-même. 
Honorer ses parents, respecter l’immigré, ne pas convoiter ce qui ne nous appartient pas. Le temps du carême est un temps où l’on se penche sur soi-même et sa vie pour s’en détacher et mettre le prochain avant son propre égoïsme.
Détruire le temple de notre puissance et de notre pouvoir. « La faiblesse de Dieu est plus forte que l’homme. » 1Co 1
La logique de Dieu n’est pas la nôtre, sa puissance se déploie à travers la faiblesse, la pauvreté et l’humilité. Le temps du carême est un temps d’abandon de nos désirs de puissance et de domination. Saint Paul rappelle aux Corinthiens que la puissance de Dieu et sa sagesse résident dans sa faiblesse et la faiblesse de la croix.
Mais il ne suffit pas de détruire, il faut aussi construire.

Un Temple à construire : le corps du Christ : cf. Evangile Jn 2,13-25 .
Construire le Temple comme corps du Christ-Eglise.
« Ne faites pas de la maison de mon père une maison de trafic. »
Le temps du carême est un temps où l’on est appelé à faire corps, à l’unité avec les autres, en Christ, pour faire Eglise. Un temps où l’on doit chercher à dépasser nos différences de spiritualité, d’opinions politiques, de catégories sociales ou sexuelles, pour faire un seul corps qui soit visage du Christ pour le monde. Un visage de justice et de paix.

Construire le Temple comme corps du Christ-eucharistie.
« Le temple dont il parlait c’était son corps. »
Le temple, c’est le corps du Christ au quel nous sommes invités à communier. C’est le Christ eucharistie qui est source et sommet de la foi. En communiant au corps du Christ nous devenons, comme dit saint Paul, nous aussi temple de l’Esprit et notre corps un temple spirituel. La maison de Dieu devient celle du Christ pain et vin eucharistique et ensuite notre propre demeure par la communion.

Construire le Temple comme Christ Parole de Dieu le Père.
« Ils crurent aux prophéties et à la parole que Jésus avait dite. »
Les hébreux en exil à Babylone ont découvert que le temple, lieu de rencontre privilégié avec Dieu, n’était pas le temple de pierre bâti par Salomon, mais bien la Parole de Dieu, les Ecritures à travers la Loi et les prophètes. Le temps du carême est aussi un temps pour découvrir la richesse et la beauté de ce temple qu’est la Bible, la parole de Dieu.
Il y a à détruire et à construire dans toute vie. Quand on s’en rend compte, on s’aperçoit que 40 jours c’est bien peu et qu’une vie n’est peut-être pas suffisante. Mais, quel que soit le temple que l’on édifie, rappelons-nous que la pierre angulaire en est le Christ, mort et ressuscité pour nous.

P. Damien STAMPERS

Semaine du 25 février au 2 mars 2024 - 2ème dimanche de Carême - B
DONNER TOUT
« Dieu n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il avec lui, ne pas nous donner tout ? Le Christ Jésus est mort : bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous. » Dans cet extrait de la lettre aux Romains, Paul nous fait déjà entrer par anticipation dans la semaine sainte, comme d’ailleurs la 1ère lecture de ce jour et l’évangile de la Transfiguration. Le sacrifice d’Abraham, que nous lirons lors de la Vigile Pascale, est déjà une lecture du vendredi saint et de la croix du Christ. L’évangile de Marc, qui se termine par les mots « ressusciter d’entre les morts » est lui une préfiguration du matin de Pâques. Notre liturgie d’aujourd’hui nous fait déjà entrer dans le mystère Pascal.

Gn 22 est d’abord le sacrifice d’Abraham, le sacrifice du Père qui doit, dans la foi, mettre à mort la promesse de Dieu et toute sa vie, en la personne de son fils Isaac. Pour les lecteurs, c’est surtout, le sacrifice du fils qui interroge et pose question. Mais, dans la Bible, il s’agit bien d’un Père qui livre son Fils dans un acte qui vient parachever l’Alliance conclue lors du départ d’Ur en Chaldée. L’Alliance ne peut être conclue que si on donne tout, comme le dit saint Paul. Abraham doit redonner ce qu’il a reçu, pour que l’Alliance soit consommée, c’est le propre de l’amour, c’est le propre d’une relation équilibrée où don et contre don se complètent. Je n’ai rien donné tant que je n’ai pas tout donné. Ce texte est puissant et fort, il nous redit ce qui s’accomplit dans la croix du Christ : Dieu se donne lui-même à travers le Fils pour sceller la nouvelle alliance dans le sacrifice. C’est le Père qui se donne à travers le Fils. La foi, la promesse, l’alliance, le don et l’abandon, le sacrifice, la relation Père – Fils, sont au cœur de ce récit, comme ils vont l’être au cœur du sacrifice de la croix, le vendredi saint

Mais, la croix n’est qu’une étape sur le chemin de la résurrection, comme le sacrifice d’Abraham n’est qu’une étape vers la terre promise et la descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer. Le récit de la Transfiguration est un récit de résurrection et une théophanie qui révèle qu’en Jésus s’accomplit tout l’Ancien Testament. A la résurrection, ce sont la Loi (Moïse) et les prophètes (Elie) qui vont témoigner de ce qui vient de s’accomplir. Etre transfiguré, c’est être ressuscité avec le Christ. La transfiguration annonce que tous ceux qui, comme Moïse et Elie, ont rencontré le Christ dans leur vie, sont appelés à ressusciter avec lui, car il nous a tout donné. Ceux qui ont rencontré le Christ, ceux qui ont accepté d’être offerts en sacrifice, comme Isaac, ce sont les baptisés. Au baptême, la voix était déjà là pour nous dire : « Celui-ci est mon Fils bien aimé. » A notre baptême, cette même voix était là pour nous accueillir. La transfiguration est l’état de vie de tout baptisé. Le temps du carême est là pour nous aider à en prendre conscience, à retrouver cette lumière intérieure que nous avons reçue au baptême. Dans ce temps de carême, laissons-nous transfigurer par le Christ et offrons autour de nous ce visage de ressuscité que Dieu nous a donné en donnant sa vie pour nous.

P. Damien STAMPERS  

Semaine du 18 au 24 février 2024 - 1er dimanche de Carême - B
LE TEMPS DE LA LIBERTE

Pour qui est familier de la Parole de Dieu, les textes de ce jour apparaissent comme une relecture chrétienne de l’histoire sainte. C’est ce que fait saint Pierre, dans la 2nde lecture, en nous parlant de Noé et du déluge comme d’une figure du baptême qui nous sauve maintenant. L’évangile de Marc est lui aussi une relecture de l’Ancien Testament à la lumière du Christ. Il est peut-être bon de reprendre ces images et de voir ce qu’elles nous disent du carême.

Le récit de Noé, au début de la Genèse, clôt les récits de création. Il nous montre une création, qui bien que voulue bonne par Dieu, est en proie à la violence et au péché. Le déluge, relu par le NT et les Pères de l’Eglise, devient une figure du baptême en engloutissant le péché et en purifiant la terre de toute cette violence et ce péché. L’image est forte et violente mais elle signifie bien ce qu’est le baptême : la mort de la mort et du péché, l’eau qui engloutit tout ce qui défigure la création. Ce déluge ouvre la voie à une nouvelle alliance entre Dieu et l’homme, une alliance où Dieu s’engage à ne plus toucher à la vie de l’homme et à respecter sa création. Cette alliance avec Noé est passée avec l’humanité entière, elle précède celle avec Abraham ou Moïse.

Le carême est ce temps où nous nous préparons à renouveler les vœux de notre baptême. Un temps où il nous est demandé de réfléchir à notre rapport à la vie, à notre alliance avec Dieu, à notre respect de nos frères et sœurs, à notre respect de la création. Cela se traduit par la prière, l’aumône et le jeûne. La fête de Pâques n’est-elle pas la fête de la recréation, d’une création renouvelée et purifiée dans le sang de la croix ?

Jésus est tenté pendant 40 jours. Ces 40 jours sont une figure des 40 ans au désert vécus par le peuple hébreu après la libération d’Egypte. Comme pour Jésus, cela a lieu après le baptême, symbolisé par le passage de la Mer Rouge. Le temps du désert est le temps de l’Alliance mosaïque, le temps de la rencontre avec Dieu, le temps de la tentation. Le temps d’expérimenter la liberté que Dieu a donné à son peuple. Jésus revit l’histoire de son peuple et l’accomplit en ne cédant pas à la tentation.

Le carême est aussi ce temps de désert pour les baptisés. Un temps qui nous rappelle que nous sommes libres en Jésus Christ et que nous avons, dans la liberté, à faire alliance avec Dieu, à le rencontrer et à faire face aux tentations de ce monde. C’est une image de ce que nous sommes appelés à vivre dans ce temps de carême.

« Les temps sont accomplis, le règne de Dieu est tout proche. Convertissez-vous et croyez à l’Evangile. » Jésus reprend les paroles des prophètes de l’AT. Après le rappel de la création et de l’Exode, c’est le temps des prophètes qui nous est proposé à la méditation. La vie avec les bêtes sauvages nous ramène à la nouvelle création et à la venue du Messie, annoncés en Is 11.

Cette Bonne Nouvelle, cet Evangile, c’est la Parole de Dieu qui nous accompagne depuis la création, en passant par l’Exode et les temps prophétiques, c’est la Bonne Nouvelle de Dieu qui est avec l’homme depuis les commencements. Elle s’accomplit et s’incarne en la personne du Christ, qui devient lui-même Bonne Nouvelle et Evangile.

Le temps du carême est ce temps où l’on reprend conscience du grand mystère qui s’accomplit à Pâques, de cet accomplissement qui est continuité de l’Histoire Sainte et non une rupture entre les anciens et les nouveaux. A Pâques, nous relisons notre vie avec Dieu depuis la création jusqu’au mystère de Pâque qui est nouvelle création, nouvel Exode, nouvelle libération, nouvelle Alliance, tout en accomplissant et en reprenant ce qui précédait.

P. Damien STAMPERS

Semaine du 11 au 17 février 2024 - 6ème dimanche ordinaire - B 
« DE PARTOUT ON VENAIT A LUI »
Dans la Bible, la lèpre outre sa gravité et sa contagiosité est le symbole de l'Homme malade dans sa chair mais aussi dans son cœur : ainsi la lèpre du péché atteint le cœur de l'Homme, le contamine et le mène sur un chemin de mort. Les lépreux étaient tenus à l'écart de la société et vivaient entre eux dans la souffrance de l'exclusion avec des mutilations douloureuses et une vie quotidienne difficile, sans domicile et sans revenus. Ils prévenaient à distance de leur passage, anxieux des réactions et vivaient de peu, grâce à la générosité de quelques-uns.

« Je suis en détresse ! Viens vite, réponds-moi ! » (Ps 101) Ainsi, dans le psaume, le malade appelle à l'aide avec un souhait d'une prise en charge et un désir d'accompagnement. C'est dans cet esprit que les lépreux de l'Évangile s'approchent de Jésus, comme on sollicite le guérisseur de la dernière chance... Jésus ne les rabroue pas, les accueille, les guérit et les ouvre par l'expérience de la guérison à l'accueil du Salut. La lèpre reste un exemple générique qui englobe toutes les affections et les lépreux d'aujourd'hui ont les mêmes attentes que les lépreux d'hier.

« Un lépreux vient auprès de lui ». II y a ceux qui se déplacent et ceux qui attendent sur place, incapables de bouger... C'est la mission de la pastorale de la santé d'établir le contact et de mettre en relation. Le Seigneur ne laisse jamais quelqu'un nous approcher sans une bonne raison.

L'Église est un hôpital de campagne et nos lèpres d'aujourd'hui s'appellent exclusion, addictions multiples et variées avec de nouvelles pathologies, conséquences de l'intoxication de notre planète terre, de nos dysfonctionnements en termes de nourriture, de rythme et d'activités.

La Journée mondiale du malade et le Dimanche de la Santé coïncident cette année le 11 février. Les communautés doivent réaliser que l'accompagnement des personnes souffrantes et la préservation du don de santé sont des priorités évangéliques. Nous prions pour que les personnes malades ou handicapées ainsi que les aidants et ceux qui les soignent puissent donner sens à ce qu'ils vivent en regardant vers Jésus le Sauveur et en allant à Lui. Nous nous rappelons qu'en célébrant Jésus ressuscité, nous adorons un Messie crucifié. Tout sert quand on aime.

P. Hervé GOSSELIN, Évêque accompagnateur du pôle santé

Semaine du 4 au 10 février 2024 - 5ème dimanche ordinaire - B 
CAREME

Dans 10 jours, nous entrerons en Carême : un temps offert pour nous laisser ajuster à Dieu, pour nous laisser convertir par Dieu.
     Tout près de toi est la Parole, elle est dans ta bouche et dans ton cœur » nous dit l’Apôtre Paul (Rm 10, 8). La Parole qui mûrit en notre cœur, à la croisée de notre expérience, de notre réflexion et de notre méditation, veut à son tour habiter nos paroles et les transfigurer. Cette année, pour le temps du carême nous vous proposons des rencontres chaque semaine aux Contamines (le lundi à 16h00 au presbytère) ou à St Gervais (le jeudi à 20h00 à la salle paroissiale). Des rencontres similaires peuvent être organisées dans d’autres lieux de la paroisse, si quelqu’un en prend l’initiative.  Ces rencontres se dérouleront en deux temps : Un temps personnel en vue d’un cheminement intérieur et un temps communautaire afin de partager quelque chose de ce chemin personnel. Ces rencontres seront encadrées par une démarche pénitentielle en deux temps le jeudi 15 février à 20h00 et le jeudi 21 mars à 20h00 à l’église de St Gervais.

     À travers ce partage spirituel peuvent grandir « des communautés selon l’Évangile ». Comme nous le dit Mgr Le Saux dans sa lettre pastorale « la seule raison d’être de l’Église est l’annonce du Salut dans le Christ ». Ce qui nous unit, ce qui fait de nous une communauté de croyants, frères et sœurs dans le Fils unique, est en effet la Parole de Vie, la Bonne Nouvelle de notre salut, l’Évangile de Dieu dont l’annonce est un « culte spirituel » rendu à Dieu (cf. Rm 1, 9). Au sein d’une même communauté, nous mettons en commun au profit de tous, ce que chacun a de meilleur, selon le caractère spécifique de cette communauté. Dans une communauté qui veut vivre selon l’Évangile, comment ne pas partager ce que chacun reçoit de ce même Évangile ?

     Nous cheminerons cette année avec la première lettre de saint Pierre. Nous l’aborderons au fil des semaines sous le prisme de l’espérance. Des feuillets seront mis à disposition chaque semaine.

À tous un très beau chemin de Carême pour une « vive espérance », nous qui sommes appelés à partager « la gloire éternelle » de Dieu !

Semaine du 28 janvier au 3 février 2024 - 4ème dimanche ordinaire -
L’ECOUTE DE LA PAROLE DE DIEU.
« Frères, j’aimerais vous voir libre de tout souci. », Saint Paul a la solution miracle pour nous libérer des soucis de ce monde : il ne faut pas se marier ! Comment recevoir sa parole aujourd’hui ? C’est bien la question qui se pose à nous à l’écoute des textes de ce jour : « Ecouterez-vous sa parole, ne fermez pas votre cœur ». Le Deutéronome nous l’avait annoncé : « Au milieu de vous, parmi vos frères, le Seigneur Dieu fera se lever un prophète comme moi et vous l’écouterez. » et « si quelqu’un n’écoute pas les paroles que ce prophète prononcera en mon nom, moi-même je lui en demanderai compte. »
Moïse, Paul sont des prophètes pour l’Eglise, ce ne sont pas des scribes qui enseignent sans autorité. Jésus se distingue justement dans l’évangile c’est-à-dire qu’elle agit dans la transformation du monde où elle est prononcée.

La Parole de Dieu est inspirée et nous devons l’écouter pour conduire notre vie, mais cette parole, dans toute l’Ecriture, s’adresse à des hommes et à des femmes libres. La première condition pour écouter la Parole et la recevoir est bien d’être libre. Cette liberté implique que je ne suis pas un esclave ou un mouton bêlant, mais bien que j’ai à faire appel à mon cœur de croyant pour accueillir cette parole et discerner en quoi elle vient transformer ma vie.
Notre grand défaut c’est que souvent nous prenons cette parole en bloc ou que nous la rejetons en bloc, alors même qu’elle est dialogue entre Dieu et nous. Jésus ne remet pas en cause la Loi mais il questionne ses interlocuteurs et entre en dialogue avec la Loi. Jésus agit en homme libre face à la Loi et à la Parole de Dieu, une parole qui vient libérer l’homme et non le perdre.

L’écoute de la parole de Dieu fait appel, dans notre liberté, à l’intelligence du cœur et au discernement au regard du contexte où cette parole est prononcée. Toute parole de l’Ecriture est vraie et doit être reçue comme parole révélée qui doit nous guider dans un chemin qui nous fait grandir en sagesse et en sainteté. 
C’est là qu’il faut prendre conscience qu’il y a des degrés dans les paroles prononcées et qu’il faut aussi faire fonctionner ses oreilles dans notre écoute. Saint Paul ne dit pas « Christ a dit qu’il ne fallait pas se marier ». Saint Paul dit : « Je dis cela dans votre intérêt. » Paul fait toujours une distinction entre ce qui relève de la foi et de la vie en Christ et ce qui relève de sa propre opinion. Il ne met pas les deux au même niveau. Pour être sauvé, il ne faut faire qu’un avec le Christ, cela relève d’une vérité centrale de la foi chrétienne et il n’y a pas de discussion à avoir. Savoir s’il faut se marier ou pas, dans une société qui est contre le célibat, relève d’une opinion personnelle de Paul, qui dit ce qu’il vit lui-même. L’Eglise fonctionne de même, tous les documents magistériels n’ont pas le même degré de force de Loi. Une lettre d’un Pape, une exhortation apostolique, n’ont pas le même degré de force qu’un acte de concile ou que le Credo.

Il faut donc écouter la voix du Seigneur, mais bien comme des hommes libres, avec l’intelligence du cœur, et en étant conscients que tout n’est pas du même niveau. Il faut réapprendre parfois que l’écoute est le premier pas du dialogue entre l’homme et Dieu dans la prière. Alors écoutons la voix du Seigneur, oui, mais dans le dialogue que Dieu instaure ainsi avec nous.

P. Damien STAMPERS.

Semaine du 21 au 27 janvier 2024 - 3ème dimanche ordinaire - B
LES TEMPS SONT ACCOMPLIS.
« Les temps sont accomplis », nous disent les trois textes de ce jour. Les temps sont accomplis, il est temps de se convertir, de tout quitter pour se mettre à la suite du Christ. Pourtant, nous ne sommes ni dans le temps de l’Avent et de Noël, ni dans celui du carême, pourquoi devons-nous nous convertir ? Que devons-nous quitter ?
   Faut-il quitter sa femme, comme semble le suggérer Paul ? Certains hommes pourraient interpréter cette parole dans un mauvais sens. Faut-il abandonner tous ses biens matériels ? Je crains que là, la parole de Paul soit encore moins bien entendue.
   Faut-il arrêter de pleurer, de rire, de vivre tout simplement ? Paul ne dit pas du tout cela. Paul invite à un changement intérieur, un bouleversement profond de notre relation aux autres, au monde et à Dieu. Il exprime le choc que doit provoquer en nous la rencontre du Christ. La foi ne signifie pas s’enfermer dans un cocon tranquille, dans un monde rassurant où tout semble bien à sa place. Suivre le Christ, c’est accepter de s’engager dans une aventure quotidienne. Accepter de remettre en question tout ce qui a trop de valeur pour nous : nos biens matériels, nos familles, nos sentiments. Christ ne vient pas changer la superficie des choses et des gens, il n’est pas superficiel. La rencontre du Christ vient tout changer et tout transformer en nous.

Deux exemples nous sont donnés aujourd’hui de ce qu’il faut quitter. Dans le conte sapientiel, qu’est le livre de Jonas, Jonas doit accepter de quitter son pays pour aller chez des païens, des gens qu’il méprise et dont il pense qu’ils méritent bien tous de mourir. Le prophète prend même le chemin inverse de celui où Dieu l’appelle. Il quitte bien son pays, mais pour aller dans l’autre direction. Dieu le rattrape en chemin et le voilà qui se retrouve à Ninive, la pécheresse. Et là, surprise, alors que pendant des siècles, le peuple élu est resté sourd aux paroles des prophètes, des païens, des pécheurs, se convertissent en un jour. C’est un conte, mais il signifie beaucoup et contient beaucoup plus de vérité que bien des histoires vraies. Comme les paraboles de Jésus, il invite à réfléchir et à changer notre regard et notre vie.  
   Les gens de Ninive deviennent un exemple pour le prophète qui venait les rappeler à l’ordre. La vie avec Dieu est souvent faite de ces paradoxes et nous rappelle que l’on ne peut pas enfermer la Foi dans un chemin tout tracé et bien droit.
   Le deuxième exemple est celui de l’évangile, où les disciples quittent leur travail et leur père pour se mettre à suivre le Christ. Ils abandonnent tout, au mépris de la Loi, qui dit de respecter son père et sa mère, et ils s’en vont à la suite du Christ.

Jonas, les disciples, manifestent que suivre le Christ n’est pas anodin et engage toute la vie. Jonas ne le fait que contraint et forcé, les disciples de grand cœur. Mais tous savent que la présence de Dieu dans leur vie les invite à changer, à grandir et tout abandonner pour suivre le Christ.
Vous pouvez garder vos maris ou vos femmes, vos biens matériels, mais vous ne pouvez pas en faire des absolus et vous contenter de cela. Le temps est limité, les temps sont accomplis, Christ est là et nous demande de quitter nos égoïsmes, nos peurs, notre orgueil, notre paresse et nos certitudes, pour se mettre à sa suite et accueillir dans nos vies la Bonne Nouvelle du Salut.

P. Damien STAMPERS.

Semaine du 14 au 20 janvier 2024 - 2ème dimanche ordinaire - B
CHANGER NOTRE REGARD

L’évangile de ce jour, de même que la première lecture, nous parle de l’appel du Christ ou de Dieu qui vient retentir dans nos vies et les transformer. Cet appel (cette vocation) est adressé à chacun d’entre nous et n’est pas réservé à Samuel, à André ou à Pierre. Tous les baptisés sont appelés, de par leur baptême, prêtres, prophètes et rois et tous sont devenus disciples du Christ. Mais, être appelé ne suffit pas dans ces lectures, il faut savoir aussi reconnaître et discerner cet appel qui nous est adressé. C’est pour cela que le verbe qui est le plus employé dans notre évangile n’a pas trait à la parole mais à la vision. Il s’agit bien de « voir », de reconnaître dans sa vie « le regard » posé sur nous. Les textes de ce jour nous appellent à changer notre regard, à voir d’une autre façon pour discerner l’appel qui nous est fait.

La lecture de Paul nous invite à d’abord changer son regard sur soi-même, et c’est parfois le plus difficile. Pour répondre à un appel, il faut déjà savoir regarder qui nous sommes. Paul invite les Corinthiens à changer leur regard sur leur propre corps : « votre corps est un sanctuaire de l’Esprit Saint. » « Le corps est pour le Seigneur et le Seigneur est pour le corps. » Nous sommes appelés à respecter notre corps et aussi le corps des autres. Le corps n’est pas une marchandise, le corps n’est pas un objet dont je peux disposer comme je l’entends. Ces paroles résonnent étrangement dans notre société où l’on entend justement ce genre d’argument pour justifier l’euthanasie, l’avortement, la GPA ou toute autre manipulation biologique. Pour le chrétien, le corps est sacré et doit être respecté comme le corps du Christ lui-même. Le premier appel qui est lancé au chrétien, n’est pas de déprécier notre corps, comme une certaine spiritualité le caricature, mais bien de le regarder comme un don de Dieu qui nous incorpore au corps du Christ.

Il ne suffit pas de changer seulement son regard sur soi-même, il s’agit aussi de changer son regard sur l’autre. C’est ce que doit faire le prêtre Eli avec Samuel. Le regard qu’il pose sur Samuel doit changer. Ce n’est plus l’enfant serviteur qui se tient devant lui, c’est celui qui est appelé par Dieu, celui qui doit lui succéder, à la place 
de ses propres fils. L’histoire d’Eli est douloureuse. Ses fils n’ont pas suivi son chemin et il a eu la faiblesse de laisser faire. C’est un autre qui prendra sa place et cet autre, c’est celui qui était à son service. Pourtant, c’est lui qui va aider Samuel à reconnaître la voix du Seigneur. C’est lui qui va accepter que sa charge passe à quelqu’un qui n’est pas de sa famille. Le prêtre Eli a su voir, il a su porter son regard au-delà des apparences. Pour répondre à l’appel de Dieu, il nous faut souvent savoir, nous aussi, voir au-delà des apparences et de la logique.

Les premiers disciples ont fait ce chemin, guidés par la vision de Jean Baptiste. Sans rien connaître de Jésus, un homme qui allait et venait sur le chemin, ils se sont mis à le suivre. Ils ont reconnu en lui le Messie, le Christ. Pas de parole dans cette vocation, simplement un regard : « Venez et vous verrez. » Cette vocation est troublante tellement elle manque d’explications. Il suffit de voir le Christ pour que votre vie change de sens et soit transformée. Nous aussi nous sommes appelés à changer notre regard sur le Christ, nous aussi nous sommes appelés à voir au-delà des apparences, nous aussi nous sommes appelés à avoir un autre regard sur nous-mêmes et nos capacités. Il nous faut voir et aussi accepter d’être regardé, accepter le regard de Jésus en retour. Ce regard du Christ nous dit à nous aussi : « Venez et vous verrez. » Venir où, voir quoi ? Cela reste le mystère de la vocation, de l’appel. La seule chose que nous savons c’est que nous serons différents, transformés, comme Simon est devenu Pierre.

P. Damien STAMPERS

Semaine du 7 au 13 janvier 2024 - Epiphanie - B
LE GRAND MYSTERE DE L’AMOUR DE DIEU.
« Par révélation, Dieu m’a fait connaître le mystère. Ce mystère c’est que toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus, par l’annonce de l’Evangile. », Voilà ce que dit saint Paul aux Ephésiens Paul annonce qu’en Jésus le salut est offert à tous les hommes, de toutes langues, de toutes nations, de toutes races. C’est ce que nous fêtons dans la fête de l’Epiphanie, la manifestation de cet amour de Dieu pour toute l’humanité.

Pourquoi parler d’un mystère à propos de quelque chose qui ne l’est pas ? Paul sait bien qu’en Genèse, à travers la création d’Adam, c’est toute l’humanité qui est déjà enfantée par Dieu. A l’origine, tous les hommes sont enfants de Dieu, c’est la première page de la Bible. Peut-être ne l’a-t-on pas lue ? Ou bien, on pourrait argumenter qu’il y a aussi l’Alliance. Dieu a fait un choix parmi les hommes, il s’est choisi un peuple élu, qui a été mis à part, le peuple juif. C’est à ce peuple qu’est donné le salut, c’est lui que Dieu sauveur vient sauver. Il y aurait donc des enfants préférés et, l’Eglise, le peuple des baptisés, se dit héritière de ce choix de Dieu. Nous sommes donc, nous baptisés, dépositaires du salut, le miracle de Noël n’est plus pour les juifs qui l’ont refusé, il est pour nous les chrétiens. Nous sommes à part, sauvés par notre baptême. Cela n’est pas faux, mais ce serait oublier de lire une partie de l’Ecriture et passer sous silence l’évangile d’aujourd’hui et l’adoration des mages.

Matthieu reprend le livre d’Isaïe, et le psaume. Le peuple élu est lumière des nations, il est sel de la terre, il est témoin du salut. Pas pour garder cela de manière égoïste, garder sa lumière et son sel pour lui-même, mais bien pour l’annoncer au monde entier, le partager avec tous, pour que chacun retrouve la figure du Père créateur du ciel et de la terre.
Le salut universel n’est pas une découverte de Paul, c’est un mystère qui est présent tout au long de l’Ecriture, dans la Loi et les Prophètes. Il suffit de lire l’Ecriture pour le savoir. Alors pourquoi Paul nous dit-il que c’est un mystère qui doit être manifesté en Jésus Christ ? 

Le vrai mystère, c’est bien que malgré l’Ecriture, malgré le récit des rois mages, nous avons toujours autant de mal à accueillir l’autre comme un frère. Paul a dû batailler ferme pour faire accepter dans l’Eglise naissante que tous, juifs ou païens, hommes ou femmes, hommes libres ou esclaves, soient enfants d’un même Père et destinataires d’un seul et unique salut. Le grand mystère c’est que malgré la Parole de Dieu que nous révérons à défaut de la lire, malgré le message du Christ qui a versé son sang pour la multitude, nous avons toujours autant de mal à vivre de cette universalité du salut contenue dans la personne des rois mages. L’Eglise d’aujourd’hui en est encore à se poser la question de savoir si elle peut accueillir telle ou telle catégorie de personne, comme elle l’avait fait en d’autres temps pour les indiens d’Amérique. Ces gens si différents de nous, sont-ils des frères ? Ils n’ont pas la même couleur, la même foi, le même statut social ou matrimonial, la même sexualité, sont-ils bien nos frères et sœurs en Christ ? La réponse de l’Epiphanie est que oui, nous sommes tous enfants d‘un même Père et destinataires d’un même salut. Le grand mystère est que nous ayons encore autant de mal à l’entendre, à en vivre et à l’accepter dans nos vies.

L’universalité est inscrite dans la Torah (la Loi) et enseignée par les Prophètes, elle est accomplie en Jésus Christ, il reste à en vivre et à en témoigner.

P. Damien STAMPERS

Semaine du 31 décembre 2023 au 6 janvier 2024 - La Sainte Famille - B
UNE SAINTE FAMILLE ?
Qu’est-ce que la sainteté d’une famille ? Il peut être utile de se poser la question en ce jour où nous fêtons la Sainte Famille, à la suite de la fête de Noël. Est-ce qu’une sainte famille est une famille parfaite ? Une famille qui ne rencontre aucun problème ? Une famille où les enfants sont sages et obéissants, les parents exemplaires ?
La liturgie nous propose, pour nous accompagner et nous aider à y voir plus clair, deux familles, celle d’Abraham et de Sarah et celle de Joseph et Marie.

Sont-elles des familles parfaites et sans soucis ? La première famille qui nous est proposée en exemple est loin d’être parfaite et sans soucis. Le couple d’Abraham et de Sarah n’est pas un couple sans histoire, avec une vie tranquille. Sarah est stérile, elle ne peut pas avoir d’enfants. C’est une souffrance pour eux. Pourtant, Dieu a promis à Abraham qu’il aurait une descendance de son sang, aussi nombreuse que les étoiles dans le ciel. Mais Abraham ne voit rien venir. Aussi, sur la suggestion de Sarah, fait-il un fils avec sa servante Agar. Agar enfante Ismaël, mais Sarah, jalouse, fait par deux fois envoyer Agar dans le désert pour qu’elle y meure : une fois alors qu’elle est enceinte, l’autre fois avec son nouveau-né. Dieu sauve la mère et l’enfant par deux fois, mais la jalousie de Sarah, la lâcheté d’Abraham face à sa femme, sont loin d’être exemplaires. Et pourtant, ils sont nous sont proposés comme modèle de Foi et de sainteté. En ce qui concerne Marie et Joseph, leur vie n’est pas plus simple. Comme le dit Syméon à Marie : « ton âme sera transpercé d’un glaive. » Dès le début ce n’est pas simple, Marie est enceinte avant le mariage, Joseph pense la répudier en secret mais en la laissant à la honte d’une femme sans mari. C’est Dieu qui vient aider Joseph à prendre la décision de garder Marie. Ils vont aussi connaître la douleur de voir leur fils disparaître pendant trois jours lors d’un pèlerinage à Jérusalem, sans compter un exil en Egypte. Non, la vie des saintes familles n’est pas un long fleuve tranquille et n’est pas exempte de toutes les difficultés, douleurs et souffrances qui peuvent être présentes dans notre humanité.  

Ce qui fait la sainteté de ces familles, c’est leur foi inébranlable que Dieu est avec eux et qu’il les accompagne tout au long des difficultés de leur vie. Ils ont remis leur famille entre les mains de Dieu et ils lui font confiance. C’est un des sens du sacrifice d’Abraham, qui rappelle à Abraham que son fils ne lui appartient pas et qu’il est un don à recevoir. C’est le sens de la démarche des parents de Jésus à Jérusalem, qui vont présenter leur fils à Dieu et le lui consacrer, comme on doit le faire pour tout fils premier né.
Abraham et Sarah ont fait des erreurs dans leur vie et avec leurs enfants. Marie et Joseph sont bien souvent déboussolés face aux paroles et aux actes de Jésus. Ce qui les distingue des autres, c’est leur foi en Dieu. Cette foi qui leur permet de croire qu’on peut enfanter à 100 ans. Cette foi qui leur permet de croire que leur fils sera le salut et la lumière qui se révèle aux nations. Leur foi les a guidé au milieu des difficultés et leur a permis de les surmonter. Leur foi est empreinte d’espérance, car il leur a fallu de la patience pour voir se réaliser les promesses de Dieu. Mais cette foi pleine d’espérance était aussi pleine de charité et d’amour du prochain, comme quand Abraham reçoit les trois hommes à Mambré ou que Marie visite Elisabeth.

La sainte famille, celle de l’Ancien Testament comme celle du Nouveau, est une famille normale animée par le souffle de la foi, de l’espérance et de la charité. En fait toute famille de ce monde, quel que soit son histoire, sa composition ou ses problèmes, peut être, elle aussi, une sainte famille si elle met ces trois vertus cardinales au cœur de sa vie de famille.
A vous maintenant de voir si vous êtes de saintes familles.

P. Damien STAMPERS