Homélie Nuit de Noël 2023 — Paroisse Saint-Marc du Parmelan

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Homélie Nuit de Noël 2023

Notre veillée ce soir est un peu la porte d’entrée de Noël, qui donne le signal : le temps de l’Avent est terminé. La magie de Noël peut opérer. C’est comme quand nous sommes en ville à l’entrée du marché de Noël, tout décoré : ça brille de partout ! On pourrait rester à l'entrée et regarder ce beau spectacle : mais ces chalets, ces lumières et ces couleurs sont là justement pour que l’on ne reste pas au-dehors, à l’entrée du marché. C’est bien pour qu’on entre et que l’on profite de ce qui est à vendre. Pour que les marchands gagnent leur vie, et le plus largement.(...)

Nuit de Noël 2023

(...) Eh bien, nous avons été accueillis à la porte de cette église. Et nous qui avons pu entrer, rejoindre l’assemblée eh bien ce soir, nous sommes à la porte d’un grand mystère, où il nous faut entrer. Pour ne pas en rester à un Noël superficiel. Mais un Noël durable. Nous nous laissons guider par la liturgie et d’abord le prophète Isaïe.

Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière... Un enfant nous est né, un fils nous a été donné.  Il semble que ce texte ait été écrit au cours des événements dramatiques qu’a connus le Royaume du Nord, d’Israël dans les années 730 avant JC. Ce minuscule bout de terre est situé à un carrefour stratégique au Proche Orient a toujours été convoité par les grands pays environnants. Et le puissant voisin assyrien au nord a fait main basse sur le Royaume d’Israël et menace de tout envahir et d’arriver jusqu’à à Jérusalem. Le roi Achaz le roi du moment n’a rien pu faire. La paix de Jérusalem qu’on a connue au temps du grand roi David, c’est terminé, elle ne va pas durer. Mais voilà que le prophète Isaïe, de toute sa force et de toute sa foi intervient. Il annonce au roi un temps de paix : un enfant va naître, un futur roi. Il sera un nouveau David, Dieu-avec-nous ; il sera le prince de la paix ».

Entendre cela ce soir ne doit pas nous laisser indifférent. Tout au long de l’histoire d’Israël, à chaque fois, Dieu a fait entendre à son peuple une parole d’espérance. Et on peut dire que le prophète Isaïe y est parvenu à son époque. La preuve, il fait jours partie de la Bible, des saintes Écritures. Pour qu’en relisant ces passages aujourd’hui, nous comprenions que Dieu ne laisse jamais tomber son peuple. Qu’est-ce que ça signifie ?

Que signifie pour nous aujourd’hui cette espérance ? Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’espérance, ce n’est pas un cadeau tombé du ciel que reçoivent les gens optimistes de nature. L’espérance, dit le théologien protestant Jacques Ellul, c’est un combat, le combat de quelqu’un qui ne se résout pas à l’effacement de Dieu : c'est la réponse confiante de l'homme au silence de Dieu. Et à une époque où Dieu semble absent, où on ne maîtrise finalement pas grand-chose, où on ne sait pas de quoi demain sera fait, espérer c’est garder les yeux ouverts, avec une qualité d’attente, une qualité de présence au monde et aux personnes. Et oui c’est une lutte : il faut se battre pour ne pas se laisser vivre. Il y a tant de choses qui nous dis-traient. Qui nous tirent de côté. Cette culture des loisirs par exemple, qui absorbe tout le temps et l’énergie qui reste une fois qu’on a un minimum satisfait à ses obligations. C’est triste de quitter ainsi le réel, de le déserter.

Distinguer entre espoir et espérance

Parenthèse : je distingue bien ici entre espoir et espérance. L’espoir, il est entre mes mains. L’espoir, c’est quand je travaille bien, que je mets de l’argent de côté dans l’espoir de réaliser des projets…  L’espérance, au contraire, est entre les mains de Dieu.  Je crois en lui et cela me fait espérer : j’ai confiance, il mène les choses de ma vie pour le mieux et il m’ouvre les yeux sur le monde. Comme le prophète Isaïe, il y a 2800 ans. Et je peux rester attentif au monde réel, à mes semblables, en particulier aux personnes fragilisées ou meurtries. Je peux m’y engager. Parce que j’y crois.

Comment ne pas penser à la paroisse de la Sainte Famille dans le nord de Gaza qui a perdu sa joie et plusieurs de ses fidèles et qui pourtant vit en ce moment un Noël dans la prière et l’espérance. Et je prie avec eux et pour eux. Merci Seigneur pour l’espérance.

L’évangile que nous avons entendu nous fait entrer encore plus dans le mystère de Noël en laissant transparaître quelque chose de très simple et concret avec cette touche de joie qui permet d’espérer. Je reprends l’annonce solennelle : l’an quarante-deux de l’empereur Octave-Auguste, dans le sixième âge du monde terrestre, (Les six âges du monde sont un découpage de l'histoire proposé par St Augustin) tout l’univers étant en paix JESUS-CHRIST Dieu éternel et Fils du Père éternel voulant sanctifier le monde par son miséricordieux Avènement après avoir été conçu du Saint-Esprit EST NÉ A BETHLÉEM EN JUDEE… Attention, tenez-vous bien, c’est Dieu qui est à la manœuvre. Et que voit-on ? Un couple, Joseph, avec Marie qui est sur le point d’accoucher, qui doivent quitter leur maison pour un improbable voyage : aller se faire recenser à Bethléem. C’est une famille comme les autres, toute simple, cela aurait pu se passer ailleurs, 2000 ans plus tard, chez vous par exemple. Avec des contraintes de la vie concrète : le moment de la naissance du bébé qui approche. Oui mais où aller ? On ne peut pas rester au milieu des gens. On ira au calme près des animaux. Et puis l’emmailloter, ce petit, et lui trouver un berceau. Bah, la mangeoire fera l’affaire. Dieu a commencé sa vie terrestre dans une mangeoire d’animaux, dans un milieu contraint. Quel signe, mes amis ! Si Dieu a pu se contenter de ce qu’il y avait, c’est qu’il ne fait pas le difficile. Et donc pas plus avec nous qu’avec Joseph et Marie. Il a pris ce que ces deux jeunes parents modestes avaient, point. Dieu fait, et fait très bien avec le peu qu’on met à sa disposition. Voilà encore une leçon du mystère de Noël.

Au dehors, il y a des bergers. Là encore rien d’extraordinaire. Ils sont dans les champs, sur leur lieu de vie, avec ce trait particulier de leur vie : ils veillent. Et donc rien ne leur échappe, même la nuit. Et voici l’annonce incroyable qui arrive à leurs oreilles, aussitôt l’enfant né. Aujourd’hui vous est né un sauveur : vous trouverez un nouveau-né emmailloté et couché dans une mangeoire. Allez-y ! Gloire à Dieu dans le ciel et sur terre, la paix aux hommes car Dieu les aime.

Invités à veiller et à vivre dans une vraie humilité

Et nous voilà provoqués nous-mêmes. Invités à veiller comme les bergers. Et à réfléchir : voyons ! si Dieu a choisi l’humilité pour venir il y a 2000 ans, il choisira encore l’humilité pour venir à notre rencontre aujourd’hui et demain. Nous sommes donc invités à veiller et à vivre dans une vraie humilité. N’essayons pas d’être quelqu’un de grand quand Dieu se fait petit !

Il fait bon se sentir tout petit, avec lui, près de lui.  Puisque c’est Dieu qui mène la danse. Et qui n’a rien à faire avec les puissants, et les superbes et les riches et les orgueilleux… ni avec ceux qui savent tout et qui veulent tout maîtriser.

Et si cette année, j’optais pour la petitesse et l’humilité ! et si je laissais Dieu me surprendre ! Et si je lui demandais qu’il me fasse ressentir sa présence ! Et si je lui demandais l’espérance et la confiance et qu’il me garde bien de lui dire non !

La venue du sauveur dans notre vie. Un cœur humble, mon cœur humble : voilà le berceau où Jésus vient naître ce soir dans la compagnie discrète des humbles. Dans l’humble mangeoire de ma vie. Le vrai berceau où Jésus vient naître ce soir, c'est l’humble berceau de notre cœur. Alors nous pouvon espérer. Amen

Père Gilles Chassé