La mission en date

24 octobre 1838 : naissance officielle des MSFS (congrégation des Missionnaires de Saint François de Sales). 
En 1838, les Missionnaires sont au nombre de 6, ils prêchent des missions depuis plusieurs années, mais la Congrégation n’est pas encore reconnue comme telle. En septembre, le P. Mermier prend la plume pour demander, respectueusement mais fermement, un document officiel à son évêque...

À Monseigneur REY Demande d’une RECONNAISSANCE CANONIQUE.

Monseigneur, la Divine Bonté seconde nos vœux au-delà de nos espérances, il serait difficile de pousser une entreprise avec plus d’ardeur et d’activité que Sa Grandeur ne le fait pour notre Congrégation ; cependant qu’elle nous permette de lui faire les observations qui suivent :

1. L’ordonnance épiscopale qui établit canoniquement la Congrégation des Missionnaires n’existe pas encore.
2. L’Administration des bourses des Missions pastorales reste toujours chargée de droit de ce qu’elle a acheté au nom et pour les Missionnaires, jusqu’à ce qu’elle l’ait transféré et remis par un autre acte authentique à la Congrégation.
3. Le billet Royal qui reconnaît la Congrégation en l’autorisant à acquérir des biens-fonds etc. suppose qu’elle est établie selon les lois canoniques qui règlent l’établissement des Congrégations qu’érigent les Ordinaires des lieux dans leurs Diocèses.

En conséquence, voici ce que nous croyons qu’il nous convient de demander à Sa Grandeur :

Qu’elle nous érige en Congrégation de prêtres réguliers établis sous une Règle donnée et approuvée par elle, placés sous son autorité conformément à et sous l’autorité de ses successeurs par une Ordonnance épiscopale homologuée à sa Chancellerie et dans laquelle elle déclare que cette Congrégation est de fait existante dans son Diocèse depuis plusieurs années et qu’elle s’est vouée aux travaux des Missions et du ministère sous son autorité. (…)

La réponse de Mgr REY :

Le 24 octobre 1838, l’évêque d’Annecy signe le décret donnant officiellement naissance à la Congrégation :

Nous, Pierre-Joseph Rey évêque d’Annecy, le saint nom de Dieu invoqué, nous instituons et déclarons instituée la Congrégation des Missionnaires de Saint François de Sales.

Quelques jours plus tôt, apportant à la Maison-mère le décret royal approuvant la Congrégation, l’évêque s’était ainsi exprimé :

« Je dirai vos devoirs en trois mots : étudiez saint François de Sales, imitez ses vertus, formez votre méthode de direction (spirituelle) sur la sienne, pleine de douceur envers les pauvres pécheurs. Vous trouverez cette méthode dans ses Lettres.

Vous verrez la richesse de son cœur dans son traité sur l’amour de Dieu, sublime théologie, admirable tissu de comparaisons propres à faire briller la vérité et la faire pénétrer dans les esprits les plus grossiers. Lisez ces pages toutes brûlantes de la charité la plus ardente.

On dit ordinairement la douceur de saint François de Sales : c’est vrai, mais à mon avis, ce n’est pas assez le caractériser. La douceur ne me paraît n’avoir été qu’un mode d’exercer son zèle. LE ZELE, VOILA SON CARACTERE ».

1842 : Rome demande au diocèse d’Annecy d’envoyer des prêtres outre-mer ; on pense d’abord à la Guinée. Le P. Mermier répond avec enthousiasme, trois de ses lettres en témoignent (9 septembre, 21 septembre et 6 novembre 1842). La première est adressée au Vicaire général d’Annecy, la seconde au cardinal Franzoni, Préfet de la Congrégation dite « De la Propagation de la Foi », et la troisième au Pape lui-même.

1845 :  la réponse de Rome arrive 3 ans plus tard, en mai, de par la volonté de réorganiser les missions en Inde et le souhait d’avoir une Congrégation qui se tournerait vers les peuples autochtones. En effet, les missionnaires présents (au moins dans l’est du pays) en Inde au 19ème siècle étaient principalement des Irlandais, au service des garnisons britanniques. L’offre du P. Mermier tombe donc à point nommé.

La réponse de Rome cause une grande joie, non seulement aux MSFS, mais à l’ensemble du diocèse (il en sera de même lors du premier départ des Missionnaires, l’événement aura un grand retentissement). A noter que c’est Rome qui a fixé le nombre pour le premier groupe : 4 prêtres et 2 Frères.

En moins de 10 ans, 25 confrères (21 prêtres et 4 Frères) quittent la Savoie pour l’Inde. A cette date (1853), la Congrégation des MSFS, âgée de 15 ans seulement, ne compte que 39 membres profès (32 prêtres et 7 Frères), plus des séminaristes. Elle n’a pas encore pris en charge les collèges d’Evian et de Mélan. Ce nombre dit la volonté du P. Mermier de se mettre au service de l’Eglise universelle, comme il en avait le désir dès 1842.

1849 :  Mgr Sébastien-Théophile NEYRET, ancien aumônier des Sœurs de Saint Joseph à Évian, et désormaisVicaire apostolique de Vizagapatam, demande le renfort de religieuses pour la mission de l’Inde.Les Sœurs de la Croix de Chavanod n’ont point d’institutrices formées, contrairement à celles de Saint Joseph ; voilà pourquoi le p. Mermier s’adresse en priorité à cette congrégation. Il s’agit d’avoir des femmes capables de parler et de comprendre l’anglais, ainsi que les langues indigènes... Les Supérieures d’Annecy accueillent cette demande avec joie. De 1849 à 1860, 24 religieuses de Saint -Joseph d’Annecy feront le voyage vers l’Inde.