Homélie de la Trinité — Paroisse La Sainte-Famille de la Mandallaz

Aller au contenu. | Aller à la navigation

Outils personnels

Paroisse La Sainte-Famille de la Mandallaz Paroisse La Sainte-Famille de la Mandallaz
Newsletter

Homélie de la Trinité

Le mot de Trinité ne fait pas partie de l’évangile, ni de la Bible d’ailleurs. Ce n’est pas une question d’arithmétique. Père, Fils, Saint Esprit, 1 +1 +1. Non. Vraiment pas. Pour comprendre, laissons-nous guider par la liturgie....

Homélie du père Gilles

Le mot de Trinité ne fait pas partie de l’évangile, ni de la Bible d’ailleurs. Il apparaît dans un écrit d’Athanase un père de l’Église du IIIe siècle. La réalité de la Trinité est au cœur du baptême, quand on verse de l’eau sur la tête du futur baptisé et que l’on dit : « Je te baptise au nom du Père et du Fils et du Saint Esprit ». C’est la Trinité. Mais, comme dit parfois notre évêque, la Trinité, ce n’est pas une question d’arithmétique. Père, Fils, Saint Esprit, 1 +1 +1. Non. Vraiment pas. Pour comprendre, laissons-nous plutôt guider par la liturgie, d’abord...

... La première lecture d’abord : Dans le Livre des Proverbes, qu’on peut dater de deux ou trois siècles avant JC,  il n’est pas question de Trinité. Non seulement, le mot n’existait pas à l’époque, mais l’idée même de Trinité n’était pas pensable. Au début du peuple d’Israël, la première urgence était de s’attacher au Dieu Unique, d’où la lutte farouche des prophètes contre l’idolâtrie et le polythéisme parce que la vocation d’Israël est justement d’être témoin du Dieu unique. Il y a cette phrase du livre du Deutéronome : « À toi Israël mon peuple, il t’a été donné de voir, pour que tu saches que c’est le SEIGNEUR qui est Dieu, il n’y en a pas d’autre que lui. »

Première étape, donc, découvrir que Dieu est UN, pas question de parler de plusieurs personnes divines ! Etape importante s’il en est tant les idoles dans tous les siècles ont pullulé un peu partout. Des dieux de toute sorte à n’en plus finir. La bible s’est beaucoup battu contre cela. Aujourd’hui comme au temps de Mohamet, l’islam s’est fondé sur cette foi au Dieu unique, et a pu être source de conflits entre chrétiens et musulmans. Dieu unique. Oui, bien sûr.

La liturgie encore : depuis quelques temps, vous l’avez remarqué, nous utilisons la nouvelle traduction du missel de la messe. On a modifié le texte du Je crois en Dieu, dans sa version longue, le credo de Nicée-Constantinople. Nous disons aujourd’hui : je crois en un seul Seigneur, Jésus Christ, (…) consubstantiel au Père ; avec ce mot savant de consubstantiel, qu’on a du mal à comprendre.

Nous avons un début d’explication dans la préface de la messe de ce jour que nous entendrons dans un moment. Il est juste de t’offrir notre action de grâce, Dieu éternel et tout puissant. Avec ton Fils unique et le Saint Esprit, tu es un seul Dieu, non pas en une seule personne, mais une seule substance en trois personnes…, une seule substance en trois personnes… Le mot substance nous vient de la philosophie grecque d’Aristote, repris au Moyen-Age par saint Thomas d’Aquin pour essayer de dire ce grand mystère de Dieu. Alors comment nous baptisés, qui ne sommes ni philosophes ni théologiens, comment nous représenter cela ?

Disons que si Dieu est unique, il ne peut pas être solitaire. Pourquoi ? Parce qu’il est amour. Saint Grégoire le Grand dit ceci : il faut qu’un amour tende vers un autre pour pouvoir être amour véritable. Dieu doit donc pouvoir de toute éternité tendre vers un autre. Il faut qu’en lui-même, il y ait un Autre, éternel aussi, mais étant en lui, intérieur à lui. S’il n’y a pas cette altérité en Dieu, Dieu ne pourrait que tourner en rond, se tourner vers lui-même, s’admi rer lui-même comme dans un miroir. Dans un narcissisme épouvantable. Par rapport à nous, il ne serait que domination, dans sa sainteté et son étrangeté. Position intenable… L’évangile de Jean nous sauve de ce risque dès le premier verset en nous parlant de cet Autre en Dieu, le Fils, qu’il appelle son Verbe, sa Parole. Au commencement était le Verbe ; le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu. Pour imaginer cela, nous pouvons regarder cette icône, qu’on appelle icône de la Trinité, du russe André Roublev.

Quand on regarde ces 3 personnages, ces 3 anges qui sont assis autour d’une table, on se dit : voilà, la table, elle a 4 côtés : et les anges regardent l’un vers l’autre, puis le dernier ange regarde vers la coupe au centre. Chacun sur un côté de la table. Mais il y a ce 4e côté où l’on dirait que quelqu’un est attendu. C’est le côté de celui qui regarde. De nous. Et la Trinité est là pour nous dire : oui Dieu c’est un grand mouvement d’amour du Père vers le Fils et du Fils vers l’Esprit et de l’Esprit vers le monde, pour que nous-même nous prenions place dans ce mouvement d’amour, que nous aussi, nous soyons capables d’entrer dans ce don de la vie, ce don les uns pour les autres. Aujourd’hui, c’est Nina qui va être baptisée et qui prendra place sur ce 4e côté, regardée amoureusement par Dieu. Elle devient son enfant, pourvu qu’elle veuille bien continuer à l’être par la suite. Nous pouvons rendre grâce : nous croyons en ce Jésus, consubstantiel au Père et qui nous donne l’Esprit. Notre Dieu n’est pas enfermé dans son ciel ou dans sa tour d’ivoire : il est un Dieu ouvert et qui se donne sans cesse à nous. Nous n’aurons jamais assez de notre vie sur cette terre pour lui dire merci. Amen.