Le nouveau "Liens" est sorti ! — Paroisse Saint-Bruno en vallée d'Arve

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Le nouveau "Liens" est sorti !

Informations, reportages, photos, découvrez les articles du numéro de novembre !

 
Texte intégral de l'article paru sur le chalet des Gentianes dans les numéros de juin et novembre 2023

Là-haut, sur la montagne…il est un chalet fraternel

SA GENESE :

La maison « Les Gentianes », qui se trouve en contrebas de l’église de Mont-Saxonnex, a été construite de 1954 à 1956, à la suite d’un don de Madame Marthe Guffond qui eut la générosité de céder un terrain à la paroisse pour accueillir des religieuses ; l’objectif était de s’occuper de la jeunesse et en particulier d’ouvrir une école d’enseignement ménager pour les jeunes filles.

SA CONSTRUCTION :

C’est le curé de l’époque, Aimé Delétraz, qui s’est lancé dans cette grande entreprise avec, dans un premier temps, la création en 1952 de l’Association d’Education Populaire (AEP). Durant plusieurs années, il sut mobiliser toute la paroisse, voire même la commune entière ainsi que des habitants de Brison, pour construire cette maison. Toutes les familles y participèrent en donnant de l’argent, des bois, des matériaux divers et surtout beaucoup de temps car tout fut réalisé par les habitants du village.

SON DEVELOPPEMENT et SES EXPERIENCES :

Si dans les premières années des religieuses ont commencé à mettre en place le projet initial, cela ne dura pas longtemps et il fallut se tourner vers l’accueil de colonies, en gestion libre au début. Mais comme les choses ne se déroulaient pas très bien, l’AEP, association propriétaire de la maison, finit par collaborer avec l’association « Vacances Education Montagne » spécialisée dans les colonies, classes vertes ou autres séjours afin de s’en occuper de façon plus structurée. Et là, sous la houlette du couple Malartre, la maison a connu de nombreuses belles années.

Durant toute cette période, la maison fut très bien entretenue avec des améliorations constantes ; d’autre part, l’association en charge versait une location à l’AEP de Mont-Saxonnex. Bien que cela ne correspondait pas au projet initial, cela s’en rapprochait ; car les montants des locations étaient utilisés pour financer différents travaux d’entretien et de rénovation de l’église et faciliter des activités ou parutions d’ouvrages en lien avec la paroisse.

Mais lorsque le couple Malartre prit sa retraite, l’AEP rencontra de nouveau des problèmes pour continuer à faire vivre et entretenir cette maison, d’autant plus que de nouvelles réglementations ont conduit à durcir les normes de sécurité pour ce type de maisons.

Dans un premier temps, l’équipe a pensé reprendre le même type de fonctionnement en lien direct avec les colonies existantes. Mais comme cela n’était pas vraiment dans les fonctions de l’AEP, ce projet ne s’est pas concrétisé, d’où plusieurs années difficiles...

Mais c’est avec acharnement que l’équipe en place et en particulier le nouveau président Etienne Bonnaz, s’est battue pour trouver d’autres solutions. Tout d’abord, elle s’est mise en liens avec l’association « Avenir Vacances Loisir », mais cela ne s’est pas très bien passé. Puis, après le décès du premier président de cette association, les relations avec ses successeurs se sont détériorées, ce qui s’est même terminé par une procédure en justice.

Puis la location à l’association « Air Pur et Soleil » pour l’accueil de jeunes confiés par l’aide sociale à l’enfance a permis un certain répit, mais cela n’a hélas pas duré très longtemps.

AUJOURD’HUI :

A ce jour, et depuis 2018, l’AEP a pu négocier un nouveau bail avec l’association Saint-Exupéry pour l’accueil d’une trentaine de jeunes migrants, mineurs isolés non accompagnés (dits MNA), en provenance de nombreux pays en proie aux guerres et à la misère sociale et économique, dont la majorité est originaire du Mali, de Guinée et de Côte d’Ivoire. Cette association gère à la fois des centres d’accueil pour jeunes migrants mais aussi des maisons d’enfants à caractère social, agréées par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE). Le siège est basé à Villeurbanne.

C’est donc une nouvelle aventure qui se vit maintenant dans la maison des Gentianes, se rapprochant ainsi du projet initial des fondateurs et qui demande à être mieux connue.

Aussi une suite sera donnée à cet article dans le prochain numéro de « LIENS » qui recueillera les témoignages de ces jeunes mineurs, du personnel d’encadrement mais aussi des bénévoles pour l’aide aux devoirs et l’apprentissage du français parlé et écrit, qui s’investissent beaucoup pour favoriser la réussite de ces jeunes et leur intégration dans leur nouveau pays d’adoption et qui témoignent ainsi de l’esprit d’aide et de fraternité.

Dans le numéro précédent de » Liens pour des temps nouveaux », vous aviez pu découvrir l’historique de la maison « Les Gentianes », qui accueille maintenant des jeunes Mineurs Non Accompagnés (dits MNA) depuis 2018.

Pourquoi ACCUEILLIR ? Depuis 2007, la loi a clairement rappelé que tous les mineurs, sans distinction de nationalité, relèvent de la Protection de l’Enfance dès lors qu’ils sont privés de leur famille, intégrant ainsi la prise en charge des Mineurs Non Accompagnés dans la compétence des départements. Il revient aux services de l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) de leur apporter un accompagnement et de leur permettre d’accéder aux différentes formes d’autonomie, résidentielle, financière, administrative, ainsi qu’à un accès à l’éducation et au marché du travail. Tout jeune reconnu mineur et isolé est un enfant à protéger, relevant des dispositions légales de la Protection de l’Enfance, et doit être pris en charge à ce titre, ainsi que le stipulent la Convention Internationale des Droits de l’Enfant et la Convention Européenne des Droits de l’Homme.

QUI SONT ces jeunes ? Fuyant la guerre, les violences, les discriminations ou la misère pour trouver un avenir meilleur, ils ont mis leur vie en danger lors de parcours migratoires périlleux. Après avoir affronté le dangereux périple de leur pays d’origine jusqu’en France et les traumatismes qui l’accompagnent, ces jeunes sont ensuite confrontés, dès leur arrivée dans le pays d’accueil, au déracinement, à la solitude et à la précarité. Leur vie est ponctuée par l’incertitude et l’inquiétude : les démarches administratives, la suite qui sera donnée à leur parcours après l’évaluation de leur minorité, la découverte d’un nouveau pays et de nouveaux codes…Le temps est incertain, le passé est souvent constitué de situations personnelles traumatiques et la projection dans le futur est difficile du fait du sentiment d’insécurité.

Avant de retrouver « une vie normale », le chemin à parcourir sera long et difficile. Pour y parvenir, ils ont besoin de se sentir accueillis, épaulés, guidés. C’est ainsi le rôle du chalet  «Les Gentianes » au Mont-Saxonnex, qui est une Maison d’Enfants à Caractère Social (MECS),  et de l’équipe éducative qui y travaille. 30 jeunes y sont accueillis, pour la plupart issus de pays d’Afrique de l’Ouest (Mali, Guinée, Côte d’Ivoire, Tchad, Sénégal, Cameroun) ; certains, plus rares et récemment, viennent d’Albanie, du Kosovo, de Bosnie, de Turquie, de Tunisie, du Maroc, d’Égypte, d’Éthiopie et un d’Afghanistan ; une véritable constellation de pays…

L’EQUIPE EDUCATIVE présente : ces jeunes migrants ont des besoins psychiques, affectifs, relationnels ; ils ont besoin d’être écoutés dans cette problématique migratoire, face à leur perte de repères culturels et à leur manque affectif indéniable, besoin d’être informés pour penser leur parcours, de s’exprimer sur leur situation, de s’approprier du mieux possible ce qui va leur être proposé. Ce sera décisif dans leur processus d’intégration. Les éducateurs du chalet « Les Gentianes » (au nombre de 10), associés à une cheffe de service, les aident ainsi à développer leur autonomie et leur responsabilité, les soutiennent dans leurs démarches administratives, leur recherche de lieux de stage et d’apprentissage, leurs soins de santé, tout en leur donnant peu à peu les clés pour continuer en autonomie et construire leur projet d’intégration. L’une des premières choses va être d’établir le parcours scolaire : ces jeunes vont reprendre (ou découvrir car nombre d’entre eux n’ont jamais été scolarisés ou très peu de temps dans leur pays d’origine) une scolarité adaptée à leur niveau, entrer en apprentissage ou effectuer des stages en entreprises : apprentis en bâtiment, travaux publics, restauration…

Il s’agit aussi, pour ces 30 jeunes qui vont vivre en collectivité pour une durée d’une à trois années selon leur âge d’arrivée dans cette maison, de leur (re)donner l’envie d’appartenance à un groupe et de créer de nouvelles amitiés. Il va leur falloir découvrir et apprendre de nouvelles normes et codes sociaux et culturels qui diffèrent de ceux de leur pays d’origine, pour s’inscrire au mieux dans leur pays d’accueil : apprendre à regarder dans les yeux, à être à l’heure pour répondre aux rendez-vous donnés, anticiper et s’organiser dans le temps, tutoiement/ vouvoiement … Un cadre à poser avec des règles à respecter est donc aussi nécessaire.

Ces enfants (car ce sont encore des enfants !) ont souhaité ou ont été contraints de quitter leur pays d’origine où ils avaient un statut, un environnement social et familial, pour un pays qui ne les reconnaît pas d’emblée et dont ils ignorent la plupart du temps les us et coutumes, les valeurs et les mœurs : les systèmes culturels sont très différents et il leur est nécessaire bien souvent de faire des compromis pour ne pas renier leur culture et leur identité originales.

Et nous, LES BENEVOLES , que faisons-nous dans tout ça ?

Intégrés à l’équipe éducative du lieu, notre objectif est de contribuer à notre échelle à l’inclusion de ces jeunes dans la société française, à leur insertion professionnelle, à leur prise de confiance et d’autonomie. L’accès à la scolarité est un enjeu essentiel pour ces jeunes migrants ; il est le moyen d’acquérir certains savoirs nécessaires à leur insertion : la maîtrise du français parlé et écrit, l’apprentissage de la lecture et de l’écriture en y intégrant une approche des habitudes culturelles françaises.

Notre action est donc essentiellement du soutien scolaire (aide aux devoirs, alphabétisation, aide à la rédaction de lettre de motivation, de récits de vie, de lettre de recommandation…), allant également jusqu’à l’organisation et l’accompagnement de sorties et de rencontres. Mais bien sûr, au-delà du « simple » aspect enseignement que nous donnons, il y a aussi celui, essentiel, de notre présence spécifique auprès d’eux, de notre écoute dans une relation d’aide privilégiée.

QUI sommes-nous ? Notre équipe de bénévoles est actuellement au nombre de 8 personnes (nous avons été jusqu’à 14 !). Apprenant l’existence dans notre village de ce centre nommé tout d’abord Centre d’Hébergement et d’Accompagnement, nous avons souhaité intervenir dès janvier 2019 en partageant les mêmes motivations : le désir d’être utiles par une activité qui a du sens, le souci de l’autre, l’approche solidaire qui nous tient tous à cœur, le besoin de partager ; nous donnons certes, mais nous recevons beaucoup ! Nous accompagnons les jeunes sur des durées variables, selon leur temps passé dans cette maison, de quelques mois à trois années. Certaines d’entre nous continuent même à suivre des jeunes dans la vallée, une fois qu’ils ont quitté le chalet.

Ce qui fait l’unité et la force de notre équipe de bénévoles, c’est notre volonté d’agir au mieux, dans un esprit de confiance, de partage, de bienveillance, de générosité, d’humanité et aussi de soutien dans les moments difficiles, …car il y en a !!

Et…QU’EN PENSENT les jeunes migrants ??

« J’ai apprécié que vous soyez là pour nous, disponibles, en plus des éducateurs, car on ne connaissait encore rien de la vie ici. » Makan, du Mali

« Merci d’avoir pris le temps de tout m’apprendre : en arrivant ici, je ne savais pas parler le français, je ne lisais pas et je n’écrivais pas. Je n’ai jamais été à l’école dans mon pays. L’école était trop loin et j’habitais dans un village de brousse. » Gallas, du Sénégal

« Vous avez toujours été disponibles, vous savez nous écouter. Votre gentillesse nous fait chaud au cœur. » Kristian, d’Albanie

« Je suis content de ce que les éducateurs et les bénévoles font pour nous, d’abord à Annecy quand je suis arrivé en France et maintenant au Mont-Saxonnex. Je remercie pour l’aide que vous nous donnez. Je suis bien au Mont-Saxonnex. Je n’ai jamais entendu parler de racisme ou quelqu’un me parler mal. » Lamine, de Côte d’Ivoire

« Tu es là quand j’en ai eu besoin. Ça compte pour moi. Tu sais m’écouter vraiment quand j’ai besoin de parler de mon pays, de mon histoire. » Ibrahim, de Guinée

« On est reconnaissants que vous soyez là les bénévoles car ça complète ce que les éducateurs n’ont pas toujours le temps de faire. » Azat, de Turquie

QUE DEVIENNENT LES JEUNES quand ils quittent le chalet « Les Gentianes » ?  L’association Le Centre Saint-Exupéry (« L’Escale 74* ») qui le gère travaille en partenariat avec l’Association Arve Réfugiés dont le siège est à Combloux. Celle-ci effectue un travail considérable et militant pour prendre le relais de cet accompagnement une fois que le jeune a atteint sa majorité. En effet, il doit quitter le chalet « Les Gentianes » quand il atteint l’âge de 18 ans.  Cette association s’est donné pour mission de venir en aide, par tous les moyens appropriés, aux personnes réfugiées dans la Vallée de l’Arve. En lien avec l’équipe éducative de la MECS* du Mont-Saxonnex, cette association trouve pour ces jeunes des solutions d’hébergement (appartements loués par l’association, résidence sociale, logement chez un « accueillant », bailleurs sociaux, agences immobilières), des solutions d’autonomie financière pour pouvoir poursuivre leur formation (organismes de formation professionnelle, employeurs), une aide administrative (papiers d’identité, titre de séjour) pour  réussir leur intégration. L’association Arve Réfugiés interpelle aussi la Préfecture pour diverses démarches administratives.

Du côté de l’équipe des bénévoles, nous avons gardé contact avec plusieurs de ces jeunes migrants au fil de ces 5 années de collaboration. Ils prennent régulièrement le téléphone pour nous donner de leurs nouvelles. L’attachement est d’autant plus fort pour deux d’entre nous qui ont été famille d’accueil pour Yaya durant plusieurs mois, venu de Côte d’Ivoire. Certains se sont installés à Annecy et travaillent dans la restauration, l’hôtellerie. Beaucoup sont dans le bâtiment (plaquiste, peintre, maçon, menuisier, plombier, électricien) ou dans les travaux publics (canalisations, conducteur d’engins). Ils ont obtenu, après bien des démarches et des inquiétudes, leur titre de séjour, leur permis de conduire et c’est une grande satisfaction pour nous de les voir ainsi voler maintenant de leurs propres ailes !! Malheureusement pour d’autres, l’avenir n’est pas aussi rose... Nombre d’entre eux restent malheureusement dans une situation de grande précarité pour affronter leur futur.

CONCLUSION : l’accueil digne et le suivi du parcours de ces jeunes sont un pari et un investissement sur l’avenir pour favoriser le développement d’une France multiculturelle, d’un monde ouvert, plus solidaire et relationnellement plus riche.

« Ensemble, tout est plus facile » : cette action de bénévolat pour l’aide aux devoirs nous permet, dans l’entente, le respect, l’entraide et la reconnaissance des différences, d’initier et de développer des actions pour le bien commun.  Cela nous engage à nous entre-connaître et à œuvrer ensemble, en affrontant les difficultés et en nous réjouissant des réussites, des petits et grands progrès pour chaque jeune que nous aidons.

Cette action nous permet de construire ainsi une certaine fraternité solidaire.

Si vous souhaitez rejoindre notre équipe de bénévoles au Mont-Saxonnex, merci de contacter le chalet « Les Gentianes ».

Isabelle, au nom de l’équipe des bénévoles (Béatrice, Chantal, Christelle, Claudie, Françoise, Pierre, Béda)