Catholiques 74 - Octobre — Diocèse d'Annecy

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Catholiques 74 - Octobre

Découvrez l'édito et le sommaire du numéro d'octobre de Catholiques 74.

Édito

"La paix désarmée"
par Mgr Yves Le Saux, évêque d'Annecy

Le pape Léon XIV, le soir de son élection, a voulu inaugurer son pontificat en reprenant les paroles de Jésus ressuscité : « La paix soit avec vous. » Et il a ajouté : « Je voudrais que ce salut de paix entre dans votre cœur, atteigne vos familles, toutes les personnes, où qu’elles se trouvent, tous les peuples, toute la Terre. Que la paix soit avec vous. C’est la paix du Christ ressuscité, une paix désarmée et désarmante, humble et persévérante. Elle vient de Dieu. Dieu qui nous aime inconditionnellement. »

Quelle audace de tenir de tels propos, alors que la guerre est partout avec ses innombrables victimes innocentes. Guerre entre Israël et le Hamas, entre la Russie et l’Ukraine, mais aussi entre le Congo et le Rwanda, au Burkina Faso, entre l’Inde et le Pakistan. Guerres qui semblent n’avoir aucune fin. Et le pape parle de paix désarmée et désarmante, humble et persévérante. Qu’est-ce qu’une paix désarmée ? C’est une paix qui refuse les logiques de la revanche, les tactiques d’intimidation, une paix qui bouleverse sans violence, qui retourne le cœur sans l’humilier.

Mais ces simples mots ne pèsent apparemment rien dans le jeu géopolitique. Staline aurait dit : « Le pape, combien de divisions ? »
Mais la puissance des empires s’épuise avec le temps, car il arrive que ce qui ne compte pas – ni en puissance armée, ni en puissance économique – soit justement ce qui sauve. Comme Jésus nouveau-né dans la crèche, vulnérable et fragile, lui le Prince de la paix. Comme Jésus innocent, livré aux mains des hommes – dans sa passion et sa croix – qui est victorieux du mal et de la mort.

Souvent, je me demande ce qui se passe dans le cœur de l’homme pour qu’il engendre une telle violence, car vous le savez, tout commence dans le cœur de l’homme, dans nos cœurs. Quand l’homme pense seulement à lui-même, à ses intérêts et se place au centre de tout, quand il se laisse séduire par les idoles de la domination, du pouvoir ou simplement de l’argent, quand il se met à la place de Dieu, alors il abîme toutes les relations, il ruine tout et ouvre la porte à l’indifférence, au conflit et à la violence. Nous nous sentons démunis face à de telles violences, parfois pris par la colère. Que dire, que faire ? Bien sûr, supplions Dieu qu’il écarte de notre monde la guerre, qu’il nous libère de l’orgueil et de l’aveuglement, lui qui est Maître du Temps et de l’Histoire. Mais croyons-nous vraiment que Dieu intervient dans l’Histoire ?

La réponse de Jésus face au mal et à la souffrance qui touche les innocents, la souffrance et l’injustice, c’est sa propre souffrance, sa mort sur la croix à cause de la méchanceté des hommes, la livraison de lui-même dans sa passion, jusqu’à la mort pour le Salut du monde et que le pardon soit accordé à ceux qui se reconnaissent pécheurs. Nous croyons que dans le Mystère pascal, le mal est vaincu par le bien, la haine par l’amour, la mort par la résurrection. La puissance de la croix et de la résurrection est toujours plus forte, plus grande que tout le mal que l’homme peut engendrer. Mais croyons-nous que Dieu œuvre dans le monde et dans nos vies ? Croyons-nous que le Seigneur, de manière cachée et souvent imperceptible, agit dans l’Histoire, accomplit des merveilles et est à l’œuvre également dans nos sociétés ? Mais cela ne nous dispense en rien de nous interroger sur les conversions personnelles que nous devons vivre. Car la puissance de Dieu ne peut agir sans l’adhésion de notre liberté.

À quoi sommes-nous disposés à renoncer, à changer, pour la paix dans nos vies et nos relations ?
Supplions Dieu, qu’Il nous donne la force de nous convertir et nous accorde la paix.

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