le mot du Père FERRÉ — Paroisse Saint-Maurice en Vallée d’Abondance 

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le mot du Père FERRÉ

Les gestes de la foi

Ces prochains temps, nous publierons dans cette feuille des extraits du livre Les signes sacrés de Romano Guardini. Les passages de ce livre nous inviterons à mieux habiter les gestes et les symboles de la prière. Son auteur le présente ainsi : « Ce petit livre vise à montrer comment saisir la valeur des gestes ordinaires. Il veut apprendre, en somme, à dépasser l’écorce des choses. Et, quand nous verrons dans leur claire beauté les profondeurs superbes qui se cachent dans la liturgie, les rites de l’Église nous apparaîtront renouvelés. »

 

6 – Battre sa coulpe

La Messe a commencé. Le prêtre et les fidèles disent : « Je confesse à Dieu Tout-Puissant... Oui, j’ai vraiment péché » Et en prononçant le mot « Oui », ils se frappent chaque fois la poitrine. 

Que signifie ce geste ? 

Essayons de le comprendre. Mais, avant tout, sachons bien le faire. Toucher son vêtement du bout des doigts ne suffit pas : il faut se frapper la poitrine, le poing fermé. Avez-vous vu peut-être de ces images anciennes représentant Jérôme à genoux, au désert, qui se frappe la poitrine avec une pierre ? C'est un coup, non pas un geste mignon, qui doit aller jusqu'aux portes de notre cœur et les ébranler. On comprend alors ce que signifie ce geste. 

Ce monde doit déborder de vie, de lumière, de force et d'activité virile. Or, qu'y voyons-nous en fait ?... Des devoirs se lèvent devant nous, des obligations, des misères, des décisions à prendre, et à peine nous y prenons garde. Nous sommes couverts de fautes, et nous ne nous affligeons pas. Ici-bas, la mort partout nous entoure, et nous n'y songeons point. Alors s'élève la voix de Dieu : « Attention ! vois autour de toi ! réfléchis ! Amende-toi, fais pénitence ! » Cette voix divine se matérialise dans la coulpe, dont les coups doivent dépasser la poitrine, pénétrer jusqu'au fond de l'âme pour l'effrayer, la secouer, lui faire prendre conscience de son état, lui rappeler Dieu. 

Car, à réfléchir, l’âme s'aperçoit vite qu'elle gaspille le trésor précieux de la vie, qu'elle viole ses devoirs. Le péché la tient captive ; pour fuir, elle n'a qu'une issue : reconnaître sans réserve qu'elle a péché « en pensées, en paroles, par actions et par omission » contre le Dieu trois fois saint, contre la société des saints. Elle se met du côté de Dieu et prend parti pour Lui contre elle-même. Elle ne se juge pas autrement que Dieu ne la juge ; elle se fâche contre ses fautes, elle se frappe la poitrine.

Voilà donc la signification de la coulpe : l'homme se réveille, il éveille en même temps son moi profond, afin que celui-ci entende l'appel divin : il se met du côté de Dieu, il se punit.  La coulpe est donc réflexion, contrition, amendement. Conservons à la coulpe son âcre saveur : elle est un retour sur soi-même, elle est la punition d'un cœur contrit, rien de plus.

Romano Guardini, Les signes sacrés