Homélie de la Toussaint 2025
«Certaines âmes (personnes) dont aucun livre d’histoire ne fait mention, ont une influence déterminante aux tournants décisifs de l’histoire universelle. Et ce n’est qu’au jour où tout ce qui est caché sera manifesté, que nous découvrirons à qui nous sommes redevables des tournants décisifs de notre vie personnelle.[1] »
Ces paroles d’Edith Stein, morte au camp d’Auschwitz durant la 2nde guerre mondiale, nous aident à comprendre la fête de tous les saints que nous célébrons aujourd’hui … Les saints, canonisés ou inaperçus… « Ceux de la porte d’à côté » comme aimait dire le Pape François, ces ambassadeurs de l’Esprit Saint qui nous prend la main, pour aller à la rencontre du monde et le tourner vers le Salut…
L’Evangile de ce jour, nous donne à contempler Jésus entouré de personnes malades, découragées, « comme des brebis sans berger » … Il leur annonce que nous sommes faits pour le bonheur … dès aujourd’hui … Mais de quel bonheur s’agit-il ?
Non pas un bonheur de surconsommation, superficiel, imposé par la mode, la fortune, les premières places… où tant d’êtres humains sont abandonnés sur le bord de la route…. Le bonheur que Jésus annonce n’exclut pas la souffrance, la solitude, et même la mort... Le bonheur que Jésus nous offre, s’expose à notre liberté. Il conduit à Dieu… Il passe par le bonheur des autres…
Ce bonheur-là, les saints et saintes l’ont embrassé au prix parfois de bien des combats intérieurs, des échecs, des doutes… au milieu desquels le Christ a rayonné, parce qu’ils s’étaient livrés à sa grâce. Ce bonheur n’est pas une récompense promise après des entreprises extraordinaires… Ce bonheur Jésus nous l’offre aujourd’hui, comme à tous les saints. Il passe par « la rencontre de notre faiblesse avec la force de sa grâce. [2]»
A travers la vie des saints, c’est le Christ qui continue de guérir le monde… Ce monde qui perd parfois le goût du bonheur parce qu’il exige de gagner… plus que d’exister… Ce monde qui oublie son Origine divine, et qui perd ainsi « le secret de la route par laquelle on rentre chez soi », comme l’écrivait Bernanos.
Les saints ont découvert, éblouis, dans les méandres de leurs propres existences, que « l’amour de Dieu se révèle le plus fort » (Ps 116). Qu’il veut faire de nos simples vies humaines, une belle œuvre à sa gloire… Ils ont réalisé que personne ne se sauve seul… Ils ont découvert l’Amour Rédempteur en appartenant à un peuple de pécheurs pardonnés : l’Eglise... Et ils se sont alors placés du côté de la miséricorde, pour aller à la rencontre de tous les hommes, sans exception… Ils nous enseignent aujourd’hui, qu’être humain à la façon de Dieu, c’est consentir à être vulnérable… et c’est choisir les chemins de l’humble rencontre…
Alors, louons Dieu avec Marie, Mère de Dieu, notre Mère du ciel, la première parmi tous les saints, et avec elle faisons nôtre sa prière : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit, en Dieu mon Sauveur. »
Amen
[1] Se Thérèse Bénédicte de la Croix = Edith Stein
[2] Pape François, « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse »