Homélie du 26 mai 2025
évangile selon st Jean (14, 23-29)
« Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. »
Voilà le programme : être une demeure pour Dieu. Abriter Dieu.
Comment faire ?
Être la demeure de Dieu, qu’est-ce que ça veut dire ?
Je vous propose de regarder cette question à deux niveaux :
- À un niveau personnel, comme chrétien
On utilise facilement des images pour dire la proximité de Dieu avec nous et en nous : on dit : « Je trouve Dieu dans le frère, dans la création, dans la beauté ». Nous avons besoin de représentations, de signes de l’action de Dieu, de sa présence, pour accéder à sa réalité. Nous humanité a besoin de médiations. Puis, nous discernons sa présence en « rentrant en nous-mêmes », en nous mettant en posture d’écoute attentive.
Mais attention à ne pas nous tromper de recherche…
Car je peux tout à fait me tenir dans le silence, croire que je cherche à écouter le Seigneur, et n’être que dans une recherche de moi-même, une quête de bien-être, un désir de développement personnel, voire la satisfaction de « faire ce qu’il faut » !
Entendons-nous bien, développement personnel et bien-être ne sont pas à bannir, mais ce n’est pas recherche de Dieu.
Écoutons Jésus : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole »
Qu’est-ce qui est fiable pour être vraiment avec le Seigneur à l’intime de nous-même ?
Sa parole, les textes de la Bible, ancien et nouveau testament. Les passages choisis par la liturgie pour chaque jour, les psaumes de la prière des heures, qui soit dit en passant, ne sont pas réservés aux clercs et aux consacrés. ( Tiens, je pourrais essayer ? )
La Parole de Dieu est comme le pain. Elle me nourrit, me transforme, me fait vivre.
Le pain qui nourrit, on ne le garde pas enfermé dans le placard, mais on le tranche, on le met sur la table et on le partage. Et on le mange !
Il en va de même pour la Parole de Dieu : on l’ouvre, on la lit, on la laisse résonner en nous et on la partage. Alors, peu à peu, elle nous habite, elle nous devient intérieure et Celui qui nous la donne aussi. Nous devenons ainsi « demeure de Dieu. »
En fait, garder la parole, c’est la garder vivante et y puiser sans cesse.
- À un niveau communautaire, en Église.
En Église, nous célébrons la Parole de Dieu. C’est ce que nous faisons ce matin, nous l’écoutons ensemble et nous lui permettons de nous éclairer, de nous rejoindre, non seulement les uns à côté des autres, mais aussi en nous appelant à être un corps, des frères et des sœurs unis par le baptême et l’appel à annoncer le salut.
Le concile Vatican II disait, au n° 7 de la constitution sur la liturgie : le Christ est présent dans sa parole, lorsque l’Église chante les psaumes, car « quand 2 ou 3 sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » Mat 18-20.
La prière commune est un espace où nous pouvons rencontrer le Seigneur, mais ce n’est pas le seul.
L’Église nous invite à nous risquer à autre chose que la seule fréquentation de la messe. Elle sera toujours source et sommet de la vie chrétienne, mais il y a aussi l’annonce et le service, le témoignage et l’amour fraternel. Qui sont les lieux où le Seigneur vient demeurer en nous.
Les apôtres se sentaient tout perdus, ou inquiets à l’idée que le Christ allait les quitter, mais il ne va pas les abandonner, il annonce le don de l’Esprit, le défenseur contre la perte du sens de leur foi. C’est Lui qui va leur permettre de tenir face à l’adversité, les persécutions, et l’indifférence du monde. Ça peut nous parler à nous aujourd’hui…
Le Christ part, mais il annonce qu’il sera là, autrement, une forme de présence non plus physique, mais tout aussi réelle. C’est en Église que nous vivons cette présence réelle, qui, vous l’aurez compris, ne se limite pas à celle du pain et du vin eucharistiques.
Et il leur donne la Paix, la sienne, pas n’importe comment, une paix qui ne vient pas annuler les difficultés, une paix qui transforme le cœur de l’intérieur, qui soutient la foi et l’espérance.
En communauté, les disciples ont reçu l’Esprit, et la Paix. Nous aussi, confirmés, réconciliés, nourris par la Parole, nous recevons l’Esprit, c’est Lui qui nous conduit à la Paix. Ne les laissons pas s’étouffer, comptons les uns sur les autres pour raviver cette flamme, un feu qui ne nous consume pas.
Écoutons l’appel à garder la Parole, à la méditer, à l’avoir toujours avec nous.
Ce n’est pas une prescription à observer, ce n’est pas une morale à respecter, c’est un chemin de vie avec le Christ.
Viens Seigneur Jésus, donne nous d’habiter en Toi comme Toi tu demeures en nous !