Homélie de Vincent Grillet — Paroisse Saint-Jean aux portes d’Annecy

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Homélie de Vincent Grillet

 

Origine de la fête de l’Assomption ?                                                            15 août 2020    

 

Quelle est l’origine de la fête de l’Assomption ?

Il n’est écrit nulle part dans la Bible que Marie est montée au ciel corps et âme. L’origine de ce dogme naît de la tradition orale et de la vie des premières communautés chrétiennes. Parmi les fêtes mariales apparaît, dès le Ve siècle, l’Annonciation au 25 mars. La fête de la Dormition ou de l’Assomption de la Vierge remonte au VIe siècle. Cette fête est donc née dans le temps de l’Eglise. Cela ne lui donne pas moins de crédit pour autant. Ce n’est pas parce que l’Eglise promulgue un dogme non biblique qu’il est moins important que ce que dit l’Ecriture puisque l’Ecriture est elle-même le fruit de la tradition orale.

Marie est donc figure de l’Eglise, elle est la première de cordée dans le dévoilement du chemin de la foi. Elle vit de la vie de Dieu dans laquelle elle est désormais en plénitude et pour l’éternité.

La fête de l’assomption, ou de la dormition, vient dire que Marie a une place toute particulière car son corps est assumé par la grâce de la résurrection. Le corps de Jésus a disparu au tombeau, celui de Marie est monté au ciel le jour où elle s’est endormie non pas dans la mort, mais dans la vie de Dieu. Marie a reçu le salut par anticipation. Et en cela, elle est la mère des croyants, notre mère à tous. On pourrait dire dans le langage catéchétique d’aujourd’hui, sœur ainée dans la foi. Elle nous entraîne dans la randonnée avec Dieu qui trouve son achèvement dans la vie éternelle. La fête de l’Assomption ouvre pour nous la voie de la résurrection.

Si Marie vit sa dormition, comme on le dit dans la tradition orientale, avec son corps et son âme, c’est parce qu’elle a suivi son Fils de tout son cœur, de toute son intelligence et de toute sa force, en un mot c’est une sainte. Et la vie donnée au Seigneur dans la sainteté s’accomplit naturellement dans la vie du Royaume. L’Eglise ne s’est donc pas trop avancée dans le dogme de l’Assomption. Il y a pourtant un point sur lequel nous devons rester vigilants.

La dévotion mariale pourrait laisser penser que la sainteté de Marie est le résultat de sa perfection, ou de projeter tout simplement sur elle ce que nous vivons aujourd’hui dans nos rôles de mères attentives, délicates, presque parfaites. Nous ne savons rien de la vie quotidienne de Marie, quel type de maman elle était, quel était son caractère. Nous savons juste que c’est l’unité de son engagement, de sa présence auprès de Jésus et la réponse confiante à l’amour de Dieu qui est célébrée aujourd’hui.

La première en chemin, Marie a su dire oui et « s’est mise en route rapidement », comme nous le conte l’Evangile. La porte de la Résurrection a été ouverte par le Christ, et la voie du ciel est ouverte par Marie, elle qui n’est pas Dieu. La randonnée est balisée pour nous chaque été avec l’avantage de prendre le rythme qui nous est propre sur le chemin de la foi.

La fête de l’assomption vient nous dire une chose toute simple : ce que nous sommes dans la vie, nous le sommes par la grâce de Dieu. C’est l’appel de Dieu qui précède notre réponse, c’est l’amour de Dieu qui provoque notre amour. La seule consigne pour nous chrétiens est, à l’exemple de Marie, de nous mettre en route rapidement. Sans doute, certains frères ainés pourront nous servir de guide, frères ou sœurs ainés dans la foi qui ont su dire oui. Marie restera tout de même la première de cordée, par grâce et non par mérite.

Bonne Assomption à tous. A chacun de trouver son rythme dans la réponse à l’amour de Dieu.  Il est là, il frappe,   saurons-nous lui ouvrir les portes de nos cœurs, lui nous ouvre en Marie les portes du ciel.

 

Efficacité de la prière.                                       Mt XV (21-28),  le 16 août 2020

 

Etre exaucé, voilà notre souci quand nous prions, et si possible très vite et de la manière exacte dont nous le voulons. C’est d’ailleurs normal, et même une marque de foi : si rien n’est impossible à Dieu, pourquoi douter ?  Alors nous prions très fort quand nous en avons besoin.

Il y a juste un petit problème, c’est que ça ne marche pas à tous les coups ! A cause de quoi ? L’Esprit serait-il défaillant ? Dieu serait-il sourd à nos appels ?

L’Evangile d’aujourd’hui indique une issue à la question de l’efficacité de la prière. Une cananéenne (étrangère et païenne) est exaucée par Jésus après avoir été insistante auprès de lui. Pourtant, si nous regardons bien, elle n’a pas été écoutée tout de suite. D’abord Jésus l’a ignorée, ensuite, grâce aux disciples, il lui adresse une parole pour dire que le salut est réservé aux brebis perdues d’Israël dont elle ne fait pas partie, et enfin, qu’elle ne doit pas prendre le pain des enfants, comprenons les juifs. Bonjour l’accueil !!
Mère Térésa disait ceci : « Je comprends que le Seigneur ait si peu d’amis vu la manière dont ils les traitent ». Faisant l’expérience de la nuit de la foi, de la traversée du désert, Dieu lui semblait absent et avare de signes de sa présence.

Pourtant, cette cananéenne est exaucée et Jésus lui dit même : « Ta foi est grande, que tout se fasse pour toi comme tu le veux ». Que tout se passe comme je le veux, c’est le rêve... mais tout cela arrive au prix d’un itinéraire, celui de la foi… Dieu exauce celui qui s’est converti à la volonté de Dieu.

   D’abord, faire l’expérience de l’absence de Dieu. Jésus ne répond pas à la cananéenne.
   Ensuite, quand nous prions, nous sommes invités à découvrir que le premier qui a besoin d’être sauvé, c’est chacun de nous, c’est celui qui prie avant celui pour qui nous prions. La cananéenne doit se poser des questions à cause de la réponse de Jésus.
   Et enfin troisième étape, c’est croire que l’amour de Dieu est si grand qu’une seule petite miette de ce dernier suffit pour être comblé : comme la cananéenne ne veut pas voler le pain des juifs mais a juste besoin des miettes qui tombent de la table.

Rester sans réponse, se poser des questions, se satisfaire joyeusement de ce que le Seigneur me donne car il sait avant même que nous ayons demandé, voilà l’Evangile.

Alors, notre regard changeant, l’objet de la demande change lui aussi et Dieu l’exauce par le travail qu’il fait dans le cœur de l’homme. Ces trois étapes sont un itinéraire à vivre et pour le dire encore plus simplement : la force de la prière, c’est de transformer celui qui prie, d’ajuster sa volonté à celle de Dieu. Cela demande un peu de persévérance, comme la cananéenne nous le montre. Nous sommes tous comme la cananéenne des demandeurs, la question est de savoir si, comme elle, nous sommes prêts, dans la fidélité à la prière, à nous laisser transformer par elle.