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La nature

Vivre en harmonie avec la nature selon François d'Assise. Arriver à fraterniser avec toutes les forces de la Nature, porteuses autant de vie que de mort, fraterniser avec la mort elle-même, signifie avoir reconnu et pacifié les peurs, les révoltes, les dénis que ces forces réveillent dans les profondeurs de notre humanité face à son Mystère.

Vivre en harmonie avec la nature

Le pape François (Laudato si’), et tous ceux qui prennent des initiatives pour ꞌꞌvivre autrementꞌꞌ, appellent à un basculement complet de nos mentalités. St François d’Assise peut nous servir de guide, avec son ꞌꞌCantique des Créaturesꞌꞌ.

Ce chant a jailli dans le cœur de François au plus profond d’une longue période de souffrance physique (retour d’Orient) et morales (dissensions sur l’évolution des fraternités, poursuite des violences de la chrétienté envers l’islam malgré sa visite de paix au Sultan). Alors qu’il suppliait le Ciel, il entendit une voix intérieure qui lui disait : «  François, réjouis-toi comme si tu étais déjà dans mon Royaume. »
Tout s’est alors éclairé en lui : non plus souffrir en se repliant sur soi, mais se réjouir… et chanter.

Quel est cet élan qui pousse au retournement ?

- L’adoration, son lien d’amour avec la Transcendance qui, lorsqu’il prend le dessus, balaye tout et exalte son cœur de gratitude : la joie du Royaume peut être là.

- Un élan de ꞌꞌdésappropriationꞌꞌ totale, déjà présent dans sa démarche de pauvreté, et qui lui fait dire « Que Dieu soit Dieu, cela seul me suffit » !

- Cette Gloire insondable s’est manifestée dans le Mystère de l’Incarnation, dans une infinie humilité, une infinie douceur, qui le touche et le rend proche de toute la Création avec laquelle il fraternise. Une fraternité profonde, cosmique, à l’image d’une sensibilité qui le fait vibrer avec toute forme de vie car derrière chacune, il perçoit le Souffle du Créateur.

- Sa capacité à s’émerveiller : la beauté de ce qu’il contemple le fascine et met son âme en fête. Un morceau de pain mendié, une pierre plate pour table et l’eau d’une fontaine le ravissent…

Mais arriver à fraterniser avec toutes les forces de la Nature, porteuses autant de vie que de mort, fraterniser avec la mort elle-même, signifie avoir reconnu et pacifié les peurs, les révoltes, les dénis que ces forces réveillent dans les profondeurs de notre humanité face à son Mystère.

C’est réaliser que ce chemin à la rencontre de nos profondeurs obscures est une expérience de réconciliation, d’acceptation de soi, de pardons successifs, d’apprivoisement de qui nous sommes, symbolisée dans la vie de François par le loup de Gubbio : l’agressivité qui peut nous dévorer peut aussi devenir force d’amour fraternel. Réconciliation entre les forces animales et sauvages présentes en nous et les forces divines d’Amour et de lumière qui aspirent à nous rejoindre. « Je me tiens à la porte et Je frappe. »

L’homme de pardon et de paix renonce à la volonté de paraître, de dominer. Il se reconnait à la suite du Christ ꞌꞌdoux et humble de cœurꞌꞌ et il sait que cette paix est faite de patience et de miséricorde.

Ils sont là, les enjeux pour vivre en harmonie avec la Nature :

- Savoir nous insérer dans un Tout plus Grand où notre place est celle de co-créateurs respectueux et non de prédateurs.

- Nous départir des tentations de profit, de pouvoir qui nient ou défient la Transcendance pour nous reconnaître créatures responsables, en fraternité dans la grande famille des créatures.

- Retrouver l’émerveillement de l’enfant ou du poète, le regard que ꞌꞌl’Homme Nouveauꞌꞌ porte sur le quotidien, passer des valeurs du ꞌꞌfaire et de l’avoirꞌꞌ à celles de ꞌꞌl’êtreꞌꞌ, profond et intime.

- Avoir reconnu en nous aussi la puissance des forces qui animent cette Vie et laisser, à chaque crise ou épreuve, convertir nos cœurs, notre regard et nos attitudes pour que vive en nous et par nous la Joie et la puissance créatrice du Royaume qui nous veut du Bien.

Il y a du boulot !

(Anne Bielawski, équipe de Megève
Pour aller plus loin : Eloi Leclerc, ꞌꞌLe chant des sourcesꞌꞌ)