2021 - Récollection à Notre Dame de la Gorge — VEA

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2021 - Récollection à Notre Dame de la Gorge

"Une récollection est un temps que l'on se donne pour recoller les morceaux" (Père Raymond Monet)

 

2021 - 13 juin - Récollection à Notre Dame de la Gorge

« En marche vers la joie » 


Nous sommes une vingtaine de membres de VEA heureux de nous retrouver, prêts à passer cette journée de récollection dans l'amitié, la joie à Notre Dame de la Gorge

Notre dernière récollection remonte à 2019 à Bogève. Elle avait pour thème « Entrons dans la joie du Christ ». C’était une première étape vers le Congrès National VEA qui était programmé pour mai 2020.

En mars 2020, à quelques semaines du Congrès, un virus en a décidé autrement, reléguant tous nos préparatifs et tous nos projets d’alors dans ce qu’il est convenu d’appeler "le monde d’avant". 

Très vite, l’humanité a compris que "le monde d’après" ne ressemblerait pas au monde d’avant. 
Très vite, on a perçu que ce monde dopé à la croissance nous tuait à petit feu.
Très vite, les hommes ont compris qu’on ne pouvait pas piller notre terre nourricière sans que les conséquences en soient dramatiques.
Très vite, l’économie mondiale s’est mise à l’arrêt à la recherche d’une porte de sortie impliquant un changement radical pour l’ensemble de la planète.
Très vite, le monde s’est figé : confinement strict plus ou moins bien vécu par les uns et les autres.

Le promeneur solitaire, cependant, limité certes dans ses mouvements et sa liberté d’aller et venir, s’émerveille du chant des oiseaux : jamais il n’en a entendu autant, si divers, si talentueux ! 
Et son cœur se remplit d'une joie si ineffable, profonde, qui fait monter en lui la louange !  Et cette louange, nous la trouverons avec St François et son magnifique "Cantique des Créatures". Quand François écrit ce cantique, il est depuis deux mois dans une petite cellule obscure, plongé dans le noir à cause de ses souffrances physique et morales : là est le miracle ; alors qu’il ne peut plus supporter la lumière du jour, jaillit de son cœur ce chant de louange qui, aujourd’hui encore, nous interpelle au plus profond de nos nuits :

« Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures, spécialement messire Frère Soleil, lumière. Il est beau, rayonnant d’une grande splendeur, et de Toi le Très-Haut, il nous offre le symbole.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour sœur Lune et les étoiles ! Dans le ciel tu les as formées, claires, précieuses et belles !

Loué sois-tu mon Seigneur, pour frère Vent, et pour l’air et les nuages, pour L’azur calme, et tous les temps. Grâce à eux, tu maintiens en vie toutes les créatures.

Loué sois-tu, Seigneur, pour notre sœur Eau, qui est très utile, très humble, précieuse et chaste.

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour frère Feu, par qui tu éclaires la nuit ! Il est beau, joyeux, indomptable, et fort !

Loué sois-tu, mon Seigneur, pour notre mère la Terre, qui nous porte et nous nourrit, qui produit la diversité des fruits, avec les fleurs diaprées et les herbes ! »

Au plus profond de ses souffrances physiques et morales, François appelle au secours, et c’est dans un de ces terribles moment de solitude qu’il entend ces paroles : « François, réjouis-toi, comme si tu étais déjà dans mon Royaume ! » Voilà peut-être une des clés du Royaume : agir et se réjouir en toutes circonstances, comme si nous étions déjà dans le Royaume ?… Et ce chemin de joie suivi par François, « En Marche vers la Joie », ne sommes-nous pas à notre tour appelés à essayer de le suivre aujourd’hui ?

Au congrès 2022, nous aurons, ensemble, à faire entrer les participants dans la Joie du Christ ! N’entendons-nous pas, dans ce monde bouleversé qui est le nôtre aujourd’hui, un appel du Seigneur à puiser au fond même de nos souffrances la force d’avancer et de chercher, dans nos cœurs, dans le silence et le partage, la Source de la vraie Joie ? Peut-être, alors, pourrons-nous dire, unissant nos voix à celle de François : Loué sois-tu, mon Seigneur, pour ces mois de confinements, de solitude, de restrictions, d’incertitudes, qui nous mènent cependant sur le chemin d’une Joie renouvelée ? Et peut-être, au bout du chemin, pourrons-nous ajouter une strophe au Cantique de François qui commencerait par « Frère Corona ? ».
C’est peut-être là que réside le mystère de notre cheminement d’aujourd’hui : tout ce qui a germé en nous depuis des mois ne demande qu’à fleurir et à s’épanouir dans un chant de louanges à Toi, notre Seigneur !

Quand François écrit son Cantique, il a pourtant passé presque deux mois dans une cellule obscure, plongé dans le noir. Ses yeux ne supportent plus la moindre lueur et pourtant, il chante la Lumière !
Nous avons tous eu connaissance du texte prophétique du pape François, son vibrant appel à vivre autrement, à prendre soin de la terre qui nous nourrit, à ne pas abuser de ses richesses, grand don de Dieu à tous les hommes. A la suite du pape François, lui-même inspiré par St François il poverello, nous pouvons mettre nos pas dans ceux de ce grand pape écologiste, convaincus que notre avenir dépend du changement profond que nous opérerons dans nos modes de vie et dans le fond de notre être.

C’est une joie de pouvoir se rassembler aujourd’hui dans un monde qui a basculé en quelques mois. Il a suffi d’un petit virus pour changer la face du monde. Pas de récollection en 2020 pour cause de confinement : le Covid nous montre qu’une catastrophe est possible, dont on a du mal à en mesurer l’étendue. Des scientifiques de renom annoncent d’autres catastrophes semblables. Et nous sommes bien obligés de nous questionner : il suffit pour cela de sortir de chez soi,  de constater que les glaciers reculent, que le Mt Blanc vire au gris chaque été davantage, que le climat connaît des sautes d’humeur de plus en plus imprévisibles, que la banquise se morcelle, que le permafrost commence à se liquéfier, que des pans de montagne s’écroulent, que les oiseaux se font plus rares dans les jardins, que des centaines d’espèces animales… 

Mais comme le souligne notre pape François, quand bien même l’humanité est à l’aube d’une métamorphose, l’avenir n’est désespérant que si on laisse le temps décider à notre place. L’humanité doit saisir sa chance de collaborer pour sauvegarder et réparer notre maison commune. Il nous appelle à plus de solidarité entre les hommes, car la terre est un bien commun dont les fruits doivent bénéficier à tous. Il est urgent d’écouter tant la clameur de la terre que la clameur des pauvres. Il nous incombe également de laisser un monde viable à nos enfants : ce n’est pas à eux de porter tout le poids du monde. Toute la famille humaine doit s’unir pour chercher un développement à la fois durable et intégral.

Dans le sillage de St François d’Assise, le pape François nous invite à rendre grâce : « Loué sois-tu, mon Seigneur, pour soeur notre mère la terre qui nous soutient et nous gouverne… »  S’il est indispensable de renouveler nos énergies anciennes, il en est une, et c’est peut-être la seule qui soit vraiment renouvelable et inépuisable, c’est l’amour.

A la suite du pape François, plaçons notre confiance dans le Seigneur : « Peu importe si tout semble avoir pris un mauvais pli et si certaines choses semblent désormais irréversibles, Dieu peut faire germer des fleurs dans les rochers… »

EN MARCHE VERS LA JOIE

Il est bien évocateur ce thème de notre journée : « en marche », avec la joie comme but, de même que dans nos randos, nous visons le sommet, un point de vue, toutes nos forces mobilisées pour y parvenir.

Voilà ce qu’en dit le Père Abbé de l’Hospice du Grand St Bernard :
« Peut-être que la montée jusqu’à l’Hospice vous a paru un peu longue, mais ce n’est pas cela le plus long parcours. Vous iriez jusqu’à l’Everest, ce n’est pas cela le plus grand parcours. Le plus long parcours que chaque homme a à effectuer, c’est celui de la tête au cœur, pour trouver ce sommet que l’on cherche dans tous les sommets. Le sommet, il est au cœur. »

Seigneur, nous nous tournons vers toi et nous t’offrons nos cœurs, notre pauvre amour imparfait…
Nous faisons silence pour accueillir le tien, immense et miséricordieux
Tellement de bruits nous habitent, Seigneur : nos préoccupations personnelles, la vie mondiale et ses multi-crises, l’avenir, plus mouvant que les sables… La tête s’affole, rien de tangible au milieu des discours contradictoires.
Nous sentons bien que nous sommes à une butée devant les impasses décrites juste avant. Corona ne fait qu’exploser au grand jour les folies de grandeur et de puissance de notre société matérialiste et capitaliste qui s’est mondialisée.

Alors oui, Seigneur, montre-nous le chemin du coeur
Tu portes en toi la dynamique de Vie qui nous dit : « Va ! Lève-toi et marche ! »
Mais beaucoup de tombeaux nous enferment : nos peurs, nos doutes, nos révoltes, nos colères, nos dénis, nos conditionnements, nos attachements… que du vieux !
Pourtant, toi, Seigneur, tu nous appelles au Nouveau, à la légèreté des oiseaux, à l’émerveillement des enfants, à la fraternité universelle, celle qui prend soin des autres et de la Terre.

Au plus noir de sa nuit, alors qu’il criait vers Dieu, François d’Assise a entendu : « François, réjouis-toi comme si tu étais déjà dans mon Royaume ! »
Enorme le contraste, aussi énorme qu’aujourd’hui où Dieu peut nous dire la même chose : « Réjouissez-vous comme si vous étiez déjà dans mon Royaume. »

Au début de l’histoire biblique, Dieu a interpellé l’Homme :
« Adam où es-tu ?», après qu’il ait transgressé l’interdit de l’Arbre de la Connaissance
« Caïn, qu’as-tu fait de ton frère ? », après le meurtre d’Abel
Et s’Il nous interpellait aujourd’hui encore : « Homme du XXIème siècle, qu’as-tu fais du monde, qu’as-tu fais de tes frères, qu’as-tu fais de la Nature ? »

Seigneur, inspire-nous et donne-nous la force de ce retournement :
Non plus nous replier sur nous dans la peur, la souffrance, l’incertitude, mais chanter et goûter le Royaume qui est déjà là, au plus profond de nous.

Toi, le doux et humble de cœur, dont le fardeau est léger,
Aide-nous à dégager tout ce qui en nous, encombre, bouche la Source, empêche la Joie.
Ouvre nos cœurs à toutes les prises de conscience, à tous les pardons, tous les dépouillements.

Toi, le Chemin, la Vérité et la Vie.
Dans la profondeur de mon cœur, Seigneur, avec toi, je peux choisir l’Amour et en vivre, c’est-à-dire le laisser agir en moi et autour de moi, même si il me déstabilise, me fait sortir de ma zone de confort.
Que Ta Volonté soit faite, Seigneur et non la mienne

Chant : "Je veux chanter ton amour Seigneur" 

Et si nous ne nous sentons pas encore "en marche", voici une petite citation pour nous motiver : elle est du Père Michel Jaouen (1920-2016), prêtre jésuite connu pour son investissement auprès des jeunes touchés par la drogue, qui a notamment développé des programmes d’aide par la navigation. 

« Démerdez-vous pour être heureux, car les autres ont besoin de votre bonheur ! »

On pourrait dire aussi « Démerdez-vous pour que votre joie rayonne, le monde en a besoin ! »

Suivent des échanges en carrefours

Les carrefours se créent selon les thèmes choisis

1- Notre vie pendant le confinement
2- Nos peurs ? nos résistances ? Nos blocages ?
3- La fraternité comme chemin intérieur
4- Un modèle : le chemin intérieur de St François
5- La joie
6- La confiance
7- La fraternité avec la nature
8- Et maintenant ?...  Vers le Congrès 2022
9- VEA dans le monde d'après ?

Objectifs de ces échanges : Aider chacun à parler du confinement, de la crise sanitaire et de la situation actuelle que nous traversons avec difficultés, à exprimer ce qu’il a vécu pendant tous ces mois, avant de pouvoir envisager d’entamer un chemin de réconciliation, de conversion qui pourra mener, peut-être, à la JOIE ?

 



Ensuite, après avoir relevé ce qui nous a paru essentiel au cours de nos échanges, ce que nous avons reçu réciproquement de nos expériences, chacun est invité à ajouter "sa" strophe personnelle au Cantique de St François. Cette strophe, chacun(e) l'apportera en offrande sur l'autel de la célébration eucharistique qui clôt cette journée riche en découverte de soi-même et de l'autre.

Ton affaire, c'est la Joie !

 

(Philippe Guicheteau)