La joie d’être disciples missionnaires — Soeurs de la Croix

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La joie d’être disciples missionnaires

La joie d’être disciples missionnaires 

                     Sœur Stevie Itoua,

 Communauté de Leboudi Cameroun

 

Expérimenter le Christ à travers le prochain que l’on rencontre tous les jours, c’est ressentir une joie mais c’est aussi un challenge. On peut se poser la question : comment rester témoin joyeux de la mission du Christ, face à l’échec, à la misère humaine et à la pandémie qui sévit dans le monde ? Dans notre centre hospitalier catholique « Claudine Echernier », au quotidien, nous essayons de répondre à cette question.

Nous sommes quatre sœurs qui travaillons en collaboration avec une équipe dynamique de laïcs issue de plusieurs obédiences religieuses. Tous les jours, en sortant de la communauté le matin pour le travail, un seul désir habite mon cœur : redonner le sourire à toutes les personnes que je rencontre dans mon lieu de service. Cependant ce n’est pas toujours évident.

J’aimerais parler d’une rencontre avec une femme et ses enfants qui viennent toujours chez nous quand ils sont malades et qui a bouleversé ma manière de voir les choses. Nous étions tellement habituées à la présence de ses enfants dans notre structure, qu’ils étaient devenus comme membres de l’équipe soignante.

Pourtant un matin, le petit Tony ayant fait une crise vaso-occlusive et sa mère étant absente de la ville, a été ramené dans nos locaux pour être pris en charge par la nounou. Cette crise nous a semblé banale, car il avait l’habitude d’avoir ces crises ainsi que son petit frère presque tous les deux mois. Une prise en charge initiale a été faite et les bilans lancés. Curieusement cette fois-ci, ce petit garçon de 12 ans a pleuré sans arrêt toute la journée et les antalgiques n’ont pas réussi à le calmer. Quand nous avons pensé qu’il y avait amélioration et accalmie, car il ne criait plus et ne se tordait plus de douleur ; c’est à ce moment-là que ce petit ange a rendu l’âme.

Ce n’est pas toujours une expérience aisée, annoncer à une famille qui vous a fait confiance que leur malade est décédé malgré tous les soins que vous lui avez procurés. La mort de Tony nous a beaucoup affectées et aussi nous a permis particulièrement de réaliser qu’on ne s’habitue pas à la maladie. Chaque épisode de maladie, même si le tableau clinique semble le même par rapport aux épisodes précédents, est une nouveauté dont nous ne maîtrisons pas toujours l’issue. De ce fait, notre regard envers les patients qui ont des pathologies chroniques n’est plus le même.

Nous essayons, tant que la grâce de Dieu et notre humanité nous le permettent, de procurer de la joie et du réconfort à tous les usagers du centre, avec un regard spécial pour ceux qui souffrent, qui pensent que la maladie en soi est une fatalité. Chercher les mots justes, sans berner les patients dans une illusion, c’est relever un défi tous les jours pour que notre témoignage soit joyeux et authentique. Faire l’expérience de la souffrance humaine dans le milieu hospitalier, m’a permis aussi de mieux comprendre que notre vie ne tient qu’à un fil, à tout moment tout peut basculer, voilà alors une occasion de rester en éveil et de ne pas remettre au lendemain le bien qui peut être fait maintenant.