Catholiques 74 - avril

Édito

"Prière de prier !"

Mon Dieu, tu es grand, tu es beau… ! » Ah ! le Psaume de la Création… ! Combien de fois ce chant et d’autres semblables n’ont-ils pas entraîné nos assemblées vers des sommets de prière et de louange ? Mais au-delà de la ferveur et de l’émotion, que dire de la prière ? Faut-il encore prier ? Que répondre à ceux qui disent : « Ma prière n’a pas eu la réponse que j’attendais ? » Aujourd’hui comme hier, des hommes et des femmes témoignent qu’ils prient, telle Morgane, catéchumène, confessant que bien avant de songer à demander le baptême, elle a commencé à prier toute petite, « alors que je n’y connaissais rien ! ».

À peine balbutiée, hésitante ou passionnée, la prière s’élève vers Dieu depuis toujours à flots continus.
Souvenons-nous que la prière a été importante pour Jésus. L’Évangile le présente priant toute la nuit, avant d’appeler ses apôtres (Lc 6,12) ; ou à Gethsémani, juste avant d’être arrêté (Lc 22,41) ; ou même sur la croix (Lc 23,46). Il a été en outre un excellent maître de prière pour ses amis, leur apprenant surtout à ne pas rabâcher et leur apprenant le Notre Père (Mt 6,7-15). Bref, pour Jésus, prier, ça compte !

Mais la prière est-elle toujours efficace ? Voilà une question que nos esprits intéressés aiment bien poser ! Retenons que la prière engage deux libertés : celle de la personne qui prie et celle de Dieu qui répond. Dieu regarde ce monde qu’il aime, y voit un organisme vivant où de multiples forces s’unissent, s’enchevêtrent, réagissent les unes sur les autres pour concourir toutes au même but éternel voulu par Dieu : la gloire de Dieu et le bien de l’homme. Les lois qui gouvernent le monde n’étant pas absolues, un certain jeu est possible où Dieu intervient. Un petit coup de pouce, grâce à la prière, n’est donc pas impensable. L’Évangile de Matthieu ne présente-t-il pas la prière comme agissant sur la volonté de Dieu : « Demandez et on vous donnera ! » (Mt 7,7) ?

La prière est nécessaire et Dieu la désire. Une prière de pauvre, une conversation avec lui, comme le suggèrent les psaumes de la Bible. Et s’il ne l’exauce pas comme je le désire, il me transforme par elle. C’est donc librement et avec persévérance que je prierai, en parole ou dans le silence, dans la célébration, avec mes frères ou seul.
J’aime à croire que Dieu a inventé la prière pour donner à ses bien-aimés la dignité d’être pour quelque chose dans la vie du monde et l’avènement de son Royaume. Il a voulu ainsi, dans sa miséricorde, nous rendre participants du Salut.

Père Gilles Chassé, Vicaire épiscopal
 

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